réinsertion mire

05-30-2018

Pascal, participant du groupe 142, a fini le Programme MIRE en mai 2018. Aujourd’hui en emploi, il nous livre un beau témoignage qui illustre si bien cette prise de conscience nécessaire à tout processus de réinsertion.

 

D’aussi longtemps que je me souvienne, j’ai toujours été mon pire ennemi. La honte, la culpabilité et le désespoir étaient des sentiments qui m’habitaient au quotidien, et ce, depuis mon enfance. Par impuissance et incompréhension, j’ai accepté ces sentiments. J’en suis venu à croire qu’ils faisaient partie de moi. Peu importe mes succès et mes réussites, ils ne seraient jamais bien loin, me guettant telle une meute de vautours. À l’âge de 27 ans, j’ai craqué. Terrassé par les coups, les désillusionnements habituels de l’âge adulte, les échecs professionnels et les déceptions interpersonnelles, j’ai levé le drapeau blanc. J’ai posé un regard honnête sur ma vie et j’ai demandé de l’aide. Après 12 ans de consommation active, j’ai complété une demande d’admission afin d’entamer une thérapie interne de plusieurs mois à Portage. L’alcool et les drogues m’ont donné une identité et un grand sentiment d’appartenance lorsque j’étais adolescent. Douze ans plus tard, elles ont anéanti mes rêves et mon estime personnelle.

Je suis devenu quelqu’un d’amer, d’égoïste et d’incroyablement paranoïaque. Tous les rires que j’entendais dans la rue, dans le transport en commun ou au travail, étaient nécessairement dirigés contre moi. Je ne vivais plus, je survivais, barricadé dans un demi-sous-sol

réinsertion mire

 

Les psychoses toxiques, l’anxiété et les crises de panique étaient une partie intégrante de ma réalité. Il faut avoir touché le fond pour réellement vouloir déposer les armes.

 

 

 

 

Déposer les armes

Les psychoses toxiques, l’anxiété et les crises de panique étaient une partie intégrante de ma réalité. Il faut avoir touché le fond pour réellement vouloir déposer les armes (lire La drogue et l’alcool : des pièges sournois).

N’étant pas à ma première thérapie, j’ai commencé mon programme avec plusieurs craintes et appréhensions, loin d’être convaincu que cette fois serait la bonne. Seize mois plus tôt, un programme de cinq mois n’avait malheureusement pas réussi à améliorer ma qualité de vie. J’ai toutefois persévéré et accordé ma confiance à des intervenants auxquels j’accordais de l’estime. Même si je ressentais beaucoup de confusion et d’incertitude, je continuais d’avancer dans le programme. Je me suis mis à nu, révélant tout de mes divers complexes et insécurités, blessures et traumatismes du passé. J’ai décidé d’arrêter de refouler et de refuser les compromis, pour accueillir et aimer pleinement la personne que j’étais.

 

réinsertion mire

L’intégrité a toujours été la valeur la plus importante dans ma vie. Elle est également celle que j’ai le plus piétinée pendant ma consommation. Comment être honnête avec les autres lorsqu’on ne peut l’être totalement avec soi-même?

 

 

 

 

 

Tourner la page

L’intégrité a toujours été la valeur la plus importante dans ma vie. Elle est également celle que j’ai le plus piétinée pendant ma consommation. Comment être honnête avec les autres lorsqu’on ne peut l’être totalement avec soi-même? La transparence est devenue une valeur complémentaire, essentielle à mon estime personnelle. À partir de cette réalisation, le vrai travail a pu commencer. J’ai identifié les comportements problématiques qui m’empêchaient d’avancer sur le plan psycho-social et me rendaient malheureux. Bien entendu, ces défauts n’ont pas disparu comme par magie. Ils sont encore en moi et toute ma vie, j’aurai un sérieux travail à faire afin de pouvoir bien les gérer.

Aujourd’hui, je suis sobre depuis six mois. Je ne suis pas guéri, et je serai dépendant toute ma vie. Je vois la lumière au bout du tunnel, et elle brille de mille feux. Je ne suis pas mon passé. Il n’en tient qu’à moi de m’en affranchir et de tourner la page. Mon sort n’est pas une fatalité, je suis le héros de ma propre vie, et celui qui prend les décisions. J’ai redécouvert ma valeur personnelle, mes qualités et mes talents. Je me suis redonné le droit d’avoir des rêves. Je suis la personne la plus importante dans ma vie, et ça j’y crois dur comme fer. Personne ne pourra m’enlever cette certitude (lire Le retour du grand dictateur : s’aimer soi-même!).

 

Lire Savoir lâcher prise

Lire Liane, toujours plus haut!

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