07-17-2023

Peux-tu décrire tes impressions au début du programme? Comment ton séjour s’est-il déroulé?

Je ne savais pas à quoi m’attendre. Je n’avais aucune idée dans quoi je m’engageais! C’était la première fois que je faisais de la thérapie et je ne savais même pas ce qu’était une communauté thérapeutique. Au début, je ne me sentais pas à ma place et j’étais réticente. Je vivais une séparation et j’éprouvais beaucoup de colère, de frustration et de ressentiment. J’étais triste et honteuse de constater que j’avais besoin de thérapie pour arrêter de consommer de l’alcool, que je n’y arrivais pas par moi-même. Il me semblait n’avoir rien en commun avec mes pairs et je ne voyais pas en quoi ils pouvaient m’aider. En toute franchise, je dois dire que ma première semaine chez Portage a été affreuse. Mais ils ne m’ont pas laissé tomber et j’ai compris qu’on avait plus de choses en commun que je ne le croyais. J’ai appris en les écoutant parler de leurs propres expériences et c’est là que les choses ont commencé à changer.

 

Qu’as-tu appris à propos de toi-même? Comment cela a-t-il influé sur ta perception de toi-même ou sur la perception que les autres ont de toi?

J’ai tout appris à propos de moi-même, car je m’étais perdue de vue lorsque je consommais. J’ai appris qui j’étais, j’ai découvert mes valeurs, mes qualités et j’ai retrouvé ma voix et mon pouvoir. J’ai appris à communiquer et à avoir davantage confiance en moi.  J’étais auparavant le genre de personne qui ne dit jamais ce qu’elle pense, qui ne veut pas déranger et qui essaie toujours de s’intégrer, que cela me convienne ou non. Puis, j’ai redécouvert qui j’étais vraiment, j’ai renoué avec la personne que j’étais avant d’avoir un problème de dépendance. C’est ce processus qui a été le plus difficile pour moi. C’est la communauté de Portage qui a vu toutes ces choses en moi et qui m’a aidée à les discerner.

 

Comment es-tu restée sobre après avoir terminé ta thérapie?

La période post-thérapie a été un peu particulière à cause du confinement et des restrictions liées à la Covid. Dans un sens, cela a été salutaire, car j’ai eu plus de temps à passer à la maison avec ma fille et j’ai commencé à courir et à créer des programmes d’exercice à la maison pendant ce temps. L’exercice est mon principal outil. J’ai assisté aux réunions postcure chez Portage. Je suis restée en contact avec certains de mes pairs et j’ai deux bons amis à qui parler lorsque j’ai de la difficulté. Je n’ai jamais renoué avec mes anciens amis et connaissances. J’ai aussi trouvé des groupes de soutien en ligne qui m’ont aidée durant la pandémie. J’ai toujours été très impliquée dans ma thérapie chez Portage et ils m’ont permis de faire du bénévolat, puis de travailler avec les adolescents du centre Saint-Malachie, qui est situé dans la région Chaudière-Appalaches. Être un bon modèle de sobriété pour mes pairs et pour les jeunes m’aide à faire preuve de discipline et de constance dans mon propre rétablissement.

 

Comment la thérapie a-t-elle changé tes rapports avec tes proches (famille, amis, collègues, partenaire, etc.)? Comment s’est passé ton retour à la maison?

Ma relation avec ma fille s’est tellement améliorée depuis que je suis sobre. J’étais un parent anxieux et fragile. Je gérais une séparation et une nouvelle garde partagée. J’étais frustrée par cette situation et cela affectait notre vie. Maintenant que j’ai appris à communiquer et à exprimer mes sentiments, je me sens mieux outillée pour être la mère qu’elle mérite. Nous avons passé beaucoup de temps ensemble pendant la pandémie et cela nous a rapprochées. Ma famille m’appuie dans mon rétablissement et est fière de moi.  Au début, j’avais peur de parler de ma thérapie au travail, mais je me suis rendu compte que la plupart des gens étaient heureux pour moi. Aujourd’hui, j’en parle ouvertement. Cela aide à déstigmatiser la dépendance.

 

Quels outils acquis durant la thérapie utilises-tu encore aujourd’hui? Tu es une personne très active, qu’est-ce l’exercice a changé dans ta vie?

Il y a quelques amis sur qui je peux compter lorsque j’ai de la difficulté. Je sais aussi que je peux appeler Portage n’importe quand. Le personnel du programme postcure est fantastique et on peut toujours compter sur leur soutien. 

Je fais beaucoup d’exercice. Adolescente, la boxe était ma passion, et j’ai recommencé à en faire après ma thérapie chez Portage (c’est un pair qui avait soulevé l’idée, mais je n’envisageais pas sérieusement de le faire, car j’étais sédentaire à l’époque). Je suis une ancienne championne amateur canadienne et mondiale et j’ai parfois l’impression de recommencer à 40 ans là où j’en étais à 20 ans. Je suppose que c’est ça la sobriété! Le but principal est de rester active et de vivre une vie saine. C’est aussi ce qui me rend heureuse et ce qui me tient occupée. Ce que j’aime de la boxe c’est que, peu importe qu’on en fasse pour le plaisir ou pour la compétition, c’est un outil formidable pour relâcher la tension, la colère, la frustration et les émotions négatives. C’est une bonne façon de gérer la dépendance.

 

Recommanderais-tu Portage à quelqu’un qui a un trouble de consommation?

Absolument. Que ce soit à l’admission, durant la thérapie ou durant les programmes postcure, je me suis toujours sentie accueillie et appuyée chez Portage. Les intervenants et le personnel font un travail formidable. Je serai toujours reconnaissante d’avoir été chez Portage; cela a changé ma vie.

 

Crys, Programme pour adultes, Centre de jour de Québec 2019

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