Comme pour toutes les mamans, le désir le plus cher d’une mère toxicomane est avant tout le bonheur de son enfant. Les difficultés qu’elle doit surmonter sont cependant plus grandes que celles des autres mères, notamment parce qu’elle doit combler à la fois ses besoins particuliers et ceux de son enfant. Le programme Mère-enfant de Portage lui donne justement la chance de faire les deux en même temps, puisqu’il ne la sépare pas de son enfant pendant qu’elle effectue son séjour en réadaptation.
Faire face à deux choix
Kim n’en est pas à son premier séjour à Portage. Il y a tout juste quelques mois, elle terminait sa résidence en réadaptation et retournait chez elle afin de mettre en pratique ce qu’elle avait acquis.
« J’ai commencé à participer à des meetings. Je voyais que ça me faisait du bien, mais sentais que ça ne comblait pas tous mes besoins. Mes journées se passaient dans les chicanes et la consommation, et ma fille en était témoin. Je savais que je devais quitter son père et faire le deuil de cette relation. J’avais deux choix : le faire seule et me planter, ou revenir à Portage. Je suis revenue à Portage. Les intervenants m’ont beaucoup aidée à évaluer si la présence de son père était bienfaisante ou non. C’est déchirant parce qu’elle l’aime vraiment beaucoup. Mais je dois faire le meilleur pour elle et pour moi. Je veux qu’elle soit en sécurité. »
Revenir en réadaptation peut faire peur. On a peur de se faire juger, peur de recommencer à zéro, peur de revivre certaines choses.
Tomber pour mieux se relever
Revenir en réadaptation peut faire peur. On a peur de se faire juger, peur de recommencer à zéro, peur de revivre certaines choses.
« J’ai eu peur de me faire juger parce que je revenais à Portage. Je sais ce que les thérapies ont comme effet et ça aussi, ça me fait peur. En même temps, j’y reviens de manière proactive, parce que je sais ce que je veux. La dernière fois, je n’avais pas fait le deuil de l’alcool. Maintenant je sais que je ne pourrai jamais boire, je m’en suis rendue compte assez vite lorsque je suis revenue chez moi. »
Pour ceux qui rechutent après avoir complété un programme en réadaptation, toutes sortes de signaux d’alarme douloureux se déclenchent. Kim savait, au moment où elle a repris ses mauvaises habitudes, qu’elle devait retourner à Portage.
« Je suis de retour ici parce que j’ai rechuté. Ma fille se souvient de Portage comme si c’était sa deuxième maison. Elle est contente d’être ici. Ce n’était pas un problème pour elle qu’on y revienne, c’était même comme si on partait en vacances. On a retrouvé notre routine, celle qu’on avait perdue toutes les deux quand je me suis remise à consommer. Une rechute ce n’est pas le fun, mais ça m’a fait prendre conscience de ce que je n’avais pas compris lors de mon premier séjour ici. »
Le programme Mère-enfant permet aux mères et à leurs enfants de s’épanouir dans un environnement conçu pour eux.
« Nous travaillons beaucoup la constance, comme toutes les autres compétences psychosociales que nous leur enseignons. Par exemple, les mères doivent apprendre à communiquer efficacement avec leurs enfants, à s’exprimer de façon appropriée devant eux, à leur transmettre leur savoir, à les faire participer aux tâches quotidiennes. La communauté thérapeutique aide les mères et leurs enfants à former un lien » explique Catherine, l’intervenante de Kim. « Nous travaillons avec elles afin qu’elles aient de l’empathie pour les autres mères. Faire preuve de leadership est également important, parce qu’elles auront des tâches à exécuter, qui exigeront d’elles qu’elles s’affirment. Elles finissent par gagner en autonomie et par augmenter leur confiance personnelle. »
« Je suis contente d’avoir connu Portage. Leur approche convient aux femmes qui veulent s’en sortir et qui veulent changer. La communauté thérapeutique a un puissant effet de miroir. On se retrouve avec des femmes qui ont le même vécu, avec qui on peut briser les barrières, avec qui on apprend à pratiquer la transparence. On a toutes le même problème : la toxicomanie. »
À l’extérieur, quand on est seule, c’est une autre game. C’est pourquoi je dois être honnête avec les intervenantes qui veulent m’aider. Je dois être capable de leur dire quand ça ne va pas bien. Si je ne dis rien, je ne me permets pas d’aller mieux.
Se donner une deuxième chance
Kim s’est offert une deuxième chance. Elle doit maintenant en profiter pour se reprendre en main et ne plus se laisser tomber.
« J’ai vu des filles faire le programme et bien réussir leur réinsertion, mais j’en ai aussi vu qui sont retombées. C’est un travail énorme, de mettre en pratique tout ce qu’on apprend à Portage. Ici nous sommes bien, tout est plus facile. À l’extérieur, quand on est seule, c’est une autre game. C’est pourquoi je dois être honnête avec les intervenantes qui veulent m’aider. Je dois être capable de leur dire quand ça ne va pas bien. Si je ne dis rien, je ne me permets pas d’aller mieux. En revenant ici, je me rends compte qu’il y a quelques compétences que je n’avais pas assez bien travaillé. Cette fois, je me dois d’être certaine de bien les assimiler. »
Kim entame donc son deuxième séjour à Portage avec l’espoir de réussir et de venir chercher de nouvelles connaissances. « Le programme Mère-enfant est merveilleux. Tu as le droit de faire une thérapie avec ton enfant. On change grâce à nos enfants et vice versa. On redécouvre souvent des choses qu’on ne voyait plus. »
Programme Mère-enfant de Portage
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