04-21-2023

« En 2020, on estime que l’usage de substances a coûté aux contribuables canadiens plus de 49 milliards de dollars et coûté la vie à près de 200 personnes chaque jour. » peut-on lire en introduction du récent rapport publié par le Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances (CCDUS). Entre soins de santé, perte de productivité individuelle, modes de consommations changeants et hausse de la toxicité des drogues illicites non réglementées, le rapport détaille un bilan humain et financier impressionnant.

 

D’où proviennent de tels coûts reliés à la consommation?

Lorsque l’on parle de coûts reliés à l’usage de substance, on prend en compte toutes les répercussions négatives qu’implique la consommation d’alcool, de tabac et de drogues au Canada. Le présent rapport est une mise à jour des chiffres pour l’année 2020. Les coûts sont classés en 4 grandes catégories :

  • Les coûts en soins de santé (qui comprennent les hospitalisations, les visites aux urgences, aux services ambulanciers, les traitements spécialisés en dépendances, la rémunération des médecins et les médicaments sur ordonnance)
  • Les coûts de perte de productivité (qui sont associés aux décès prématurés, à l’invalidité et l’absentéisme au travail)
  • Les coûts de justice (associés aux interventions policières, aux procédures judiciaires et aux services correctionnels)
  • Autres coûts directs (comprend le financement des programmes de recherche, de la prévention, les dommages causés par le feu et les véhicules qui sont attribuables à l’usage de substance)

Les données les plus récentes font état d’un coût général de plus de 49 milliards de dollars en 2020. On observe que presque la moitié des coûts liés à l’usage de substances sont reliés à la perte de productivité (22,4 milliards de dollars par an soit 45,6%). La deuxième catégorie qui coûte le plus cher au contribuable canadien, sont les soins de santé (13,4 milliards de dollars par an soit 27,3%).

On peut facilement observer l’impact extrêmement important de l’usage de substances au Canada et le coût que cela fait peser sur les contribuables. Ainsi, à titre d’exemple, le total de ces coûts représenterait 11% du PIB annuel de la province du Québec.

 

Les substances impliquées dans les coûts

Le rapport du CCDUS indique que 62% du total des coûts engendrés par l’usage de substances est attribuable à l’alcool et au tabac, deux substances qui sont massivement répandues et très facile d’accès. On observe que l’alcool est de plus en plus présent dans ces coûts représentant près 40% du total et en hausse de 21,3% entre 2007 à 2020. Le coût lié à l’usage de tabac a quant à lui chuté de près de 20% sur la même période. Selon le rapport, ces tendances sont facilement explicable par l’instauration lors des deux dernières décennies de politiques de santé publique contre le tabagisme avec entre autres, l’étiquetage des paquets, la hausse des taxations et les restrictions liés à la publicité. En revanche, sur l’alcool, le constat est alarmant : « Il n’existe que peu de politiques semblables pour l’alcool, et lorsqu’elles existent, c’est sans avoir évolué au fil des ans. ».

La hausse la plus inquiétante qui a été observée, concerne l’usage des opioïdes. En effet, entre 2007 et 2020, les coûts liés à cette catégorie de drogues ont augmenté de 66,4%, s’élevant à présent à plus de 7 milliards de dollars en 2020. Le rapport indique que deux fois plus de personnes sont décédées suite à l’usage d’opioïdes en 2020 par rapport à l’année 2007. Cette hausse serait expliquée en grande partie par la prolifération du fentanyl et d’autres drogues de synthèse non réglementées.

 

C’est donc un rapport alarmant qui fait état du poids économique et sanitaire qu’impose l’usage de substances au Canada. L’absence de politique de santé publique claire et d’information sur les risques engendrés par la consommation d’alcool et de drogues entraine son augmentation. On peut tout de même avoir espoir d’une amélioration en regardant les progrès réalisés face au tabagisme notamment chez les jeunes populations qui sont moins enclins à fumer du tabac. Ainsi, c’est en regardant l’usage de substance comme un enjeu majeur de la société, que l’on pourra faire baisser le poids qui pèse sur les épaules de tous.

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