12-16-2019

Une
impressionnante étude[1]
menée par l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) sur les
hospitalisations des jeunes de 10 à 24 ans a été publiée au mois de septembre
2019. Cette dernière démontre qu’un séjour à l’hôpital sur 20 est attribuable à
la consommation de drogues et d’alcool. Des chiffres qui font froid dans le
dos.

Des faits impressionnants

Les jeunes de 10 à 24 ans font partie de la population dite
vulnérable aux substances telles que le cannabis, l’alcool et les opioïdes. Il
est prouvé que l’utilisation précoce de telles substances augmente
considérablement le risque de développer des modes de consommations
préjudiciables sur la santé et des dépendances. Cette étude de l’ICIS est
d’autant plus importante lorsque l’on sait qu’il existe peu d’indicateurs des
méfaits de l’usage de drogues et d’alcool sur les jeunes et, dans le même
temps, on sait que depuis 2003 la plus forte augmentation du nombre de visites
aux urgences attribuables à l’alcool était observée chez les adolescents et
jeunes adultes[2].

En 2017-2018, c’est plus de 23 580 séjours à l’hôpital
qui ont été recensés par l’étude. Sur cette année fiscale, cela représente 65
jeunes hospitalisés chaque jour au Canada. L’ICIS déclare que 30% de ces jeunes
ont dû être admis aux urgences pour traiter une dépendance ou un sevrage et
environ 15% étaient traités pour un trouble psychotique causé par la substance.
Enfin, fait intéressant et non moins inquiétant, 69% des séjours à l’hôpital
pour une consommation de substances comprenaient des soins pour un problème de
santé mentale concomitant, l’étude ajoute : « soit presque le double
du taux observé chez les adultes de 25 ans et plus. ».

Le cannabis et l’alcool mis en cause

Le cannabis est la première substance la plus souvent liée
aux séjours à l’hôpital des 10-24 ans avec près de 40% des cas observés. En
deuxième position on retrouve l’alcool avec un peu plus de 26% des cas. À titre
comparatif, chez les 25 ans et plus, le cannabis était associé à seulement 11%
des séjours. Ainsi, on remarque que la drogue de prédilection chez ces jeunes
est donc le cannabis. Une tendance qui se confirme autant pour les 15-17 ans
que pour les personnes de 18 à 24 ans. Il y a de quoi se poser des questions
sur la popularité du cannabis dans ces tranches d’âge. Chez les 10-14 ans, la
tendance est plus marginale, mais le cannabis reste la première substance qui
cause des hospitalisations en 2017-2018.

Ces chiffres sont bien connus dans le milieu du traitement des dépendances. Les sondages les plus récents faits dans les centres de réadaptation de Portage à travers le Canada, confirment cette tendance. En effet, 88% des adolescents qui entrent pour une thérapie à Portage déclarent avoir une dépendance au cannabis. La légalisation de cette substance il y a maintenant plus d’un an a, bien évidemment, soulevé des questionnements sur la manière de présenter une substance légale mais non moins nocive. Néanmoins si l’on peut comprendre la nécessité de contrôler la provenance, on peut se demander naïvement quelle est la plus-value de légaliser les produits dérivés autre que pour en développer un commerce. D’ailleurs, ce commerce du cannabis est florissant au Canada bien qu’il soit en grande partie aux mains du marché noir. Ce dernier est évalué à plus de 5 milliards de dollars alors que, selon Statistique Canada, 60% de la consommation se fait toujours de manière illégale. La Société Québécoise Du Cannabis (SQDC) estime quant à elle que 82% de l’industrie est encore détenue par le marché parallèle.

Aujourd’hui, la distribution de cannabis peine à suivre la
forte demande des consommateurs au pays et ne peux rivaliser avec le marché
noir. L’alcool et le cannabis sont deux substances légales, elles n’en
demeurent pas moins un problème de santé publique.


[1] Institut
canadien d’information sur la santé. Séjours à l’hôpital en raison de méfaits
causés par l’utilisation de substances chez les jeunes de 10 à 24 ans,
septembre 2019. Ottawa, ON :
ICIS; 2019.

[2] Myran DT, Hsu AT, Smith G,
Tanuseputro P. Rates of emergency department visits attributable to alcohol use
in Ontario from 2003 to 2016: A retrospective population-level study. Journal
de l’Association médicale canadienne. 2019.

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