Ce que les jeunes et les intervenants nous révèlent
En janvier dernier, nous avons publié un article qui exposait une réalité troublante : les réseaux sociaux sont devenus la principale porte d’entrée vers la consommation de substances chez les jeunes. Depuis, cette problématique n’a cessé de prendre de l’ampleur — et chez Portage, nous avons continué à creuser le sujet.
Cet automne, nous avons lancé une série de capsules vidéo où des jeunes en thérapie et des intervenants partagent leur vécu, leurs observations et leurs réflexions sur ce phénomène. Ces témoignages, parfois bouleversants, nous rappellent que derrière les algorithmes et les écrans se cachent des parcours humains marqués par la vulnérabilité, la recherche de repères… et parfois, la dépendance.
« C’est comme Uber Eats, mais pour la drogue. Tu restes chez toi, ils livrent.»
« Moi c’était surtout sur Snapchat que j’avais des demandes. Étant plus jeune, j’acceptais vraiment n’importe qui.»
« Honnêtement, je pense pas que nos parents voient à quel point, sur internet, y’en a de la vente puis de la conso.»
Ces extraits, tirés de nos capsules diffusées sur les réseaux sociaux, illustrent bien la banalisation de l’accès aux substances en ligne. Ils seront également au cœur de notre webinaire du 21 octobre, intitulé Réseaux sociaux et vente de drogues – La dépendance en un clic, où nous approfondirons les enjeux, les pistes d’intervention et les réalités du terrain.
Un sujet toujours d’actualité
Depuis le début de l’année, plusieurs faits divers et enquêtes ont mis en lumière la dangerosité des substances vendues en ligne, souvent sous des apparences anodines. Les plateformes comme Telegram, Snapchat ou Instagram continuent d’être détournées à des fins de revente, malgré les efforts de modération.
Chez Portage, nous constatons que la majorité des jeunes qui entrent en thérapie ont été exposés à ce type de trafic. Et ce n’est pas un hasard : les réseaux sociaux offrent un accès rapide, discret et constant à des substances parfois mortelles.
Un accès rapide, discret et stylisé
Les réseaux sociaux offrent un accès 24/7, souvent anonyme, à des substances parfois mortelles. Les vendeurs utilisent des stories éphémères, des emojis codés et des publications stylisés pour attirer l’attention sans éveiller les soupçons. Les conversations migrent ensuite vers des plateformes comme Telegram ou WhatsApp, où l’anonymat est renforcé.
« Ils m’envoyaient des photos comme un menu, avec tout ce qu’ils avaient. Tu choisis, tu réponds, et ils viennent te livrer. C’est super rapide, trop facile. »
Une banalisation inquiétante
Les jeunes ne perçoivent pas toujours les risques liés à ces achats : produits coupés, surdosage, présence de fentanyl. Le contenu est souvent présenté comme “cool”, tendance, voire inoffensif. Cette normalisation contribue à minimiser les dangers et à rendre la consommation plus accessible.
« Les vendeurs font des promos, des tirages, des rabais… c’est du marketing, mais pour des substances. »
Selon l’Enquête canadienne sur l’alcool et les drogues chez les élèves (2023-2024),
- 1 élève sur 5 a déjà vu une offre de drogue sur les réseaux sociaux.
- Le cannabis reste la substance la plus consommée, souvent obtenue par des contacts en ligne.
- 22 % des élèves ont consommé de l’alcool dans les 30 derniers jours, 15 % des vapoteuses, 12 % du cannabis.
Une perception des risques préoccupante
L’Enquête canadienne sur l’alcool et les drogues chez les élèves (2023-2024) révèle que de nombreux jeunes minimisent les dangers liés à la consommation de substances, en particulier les plus jeunes et les plus âgés du secondaire.
- 21 % des élèves croient qu’il y a peu ou pas de risque à fumer du cannabis régulièrement.
- 19 % pensent la même chose pour vapoter du cannabis, et 26 % estiment que manger du cannabis régulièrement est sans danger.
- Les élèves de 12e année sont les plus susceptibles de minimiser les risques : 28 % pour le cannabis fumé et 36 % pour le cannabis comestible.
- Les élèves de 7e année ne sont pas en reste : 17 % d’entre eux perçoivent ces formes de consommation comme inoffensives.
La banalisation ne s’arrête pas au cannabis :
- 14 % des élèves croient qu’il y a peu ou pas de risque à utiliser régulièrement des médicaments d’ordonnance pour se geler.
- 9 % pensent la même chose des opioïdes d’ordonnance.
Ces chiffres soulignent l’urgence d’un dialogue ouvert et informé avec les jeunes, afin de corriger les fausses perceptions et prévenir les comportements à risque.
Briser le silence : comment parler avec son ado
Les intervenants de Portage insistent sur l’importance du dialogue. Les jeunes veulent pouvoir parler sans être jugés, punis ou ridiculisés. Les parents et les adultes doivent aborder le sujet avec ouverture, calme et empathie.
« Si les parents découvrent que leur jeune a été approché en ligne, le plus important, c’est de garder la communication et le lien de confiance. » – Audrey Byrne
« Si tu attaques ton enfant, il va se refermer. Il faut amener la discussion avec ouverture. »
Dans notre webinaire, nous aborderons des conseils concrets pour engager la conversation, poser des limites, et créer un environnement sécurisant pour les jeunes.
À ne pas manquer : notre webinaire du 21 octobre
Nous vous invitons à vous joindre à nous pour un moment de réflexion et d’échange autour de ce sujet tabou. Des intervenants, des jeunes et des experts seront présents pour partager leurs perspectives et proposer des pistes d’action.
Visionnez nos capsules sur nos réseaux sociaux : TikTok, Instagram et Facebook
Référence :
https://portage.ca/fr/reseaux-sociaux-et-vente-de-drogues-la-dependance-en-un-clic/
Liens pour les fiches de l’OQLF :
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