01-27-2025

Depuis plusieurs années l’achat de substances s’est répandu sur les plateformes sociales les plus importantes, rendant ainsi leur accès extrêmement facile pour les jeunes. Désormais, les réseaux sociaux représentent l’écrasante majorité des revendeurs pour les jeunes présentant un trouble de l’usage de substances.

 

Un accès rapide à des substances de plus en plus dangereuses

 

L’essor des réseaux sociaux a permis aux revendeurs d’exposer des quantités de drogues en toute impunité. Autrefois retranchés dans les coins de rue, ces derniers ont désormais une tribune immense pour toucher un public toujours plus jeune. Certaines pages sociales mettent même en place des concours pour faire gagner des wax pen (cigarettes électroniques au cannabis possédant des concentrations de THC extrêmement fortes).

Plusieurs réseaux sociaux très utilisés par la jeunesse font l’objet de ce détournement, comme Snapchat, Instagram, ou encore Telegram, plateforme de messagerie gratuite présentant près d’un milliard d’utilisateurs à travers le monde. Censés être modérés par des algorithmes puissants, les revendeurs utilisent bien souvent des émoticônes pour contourner la censure. Le fondateur de Telegram, Pavel Dourov, de nationalité Franco-Russe, était d’ailleurs interpellé par la Justice française le 24 août 2024 pour avoir permis de faciliter la vente de substances illicites sur sa plateforme. Une interpellation contre laquelle s’était insurgé le propriétaire de X et Tesla, Elon Musk. En effet, Telegram met à disposition des fonctionnalités telles que l’anonymat complet et la suppression des messages dans des salons de discussions privés qui rendent impossible la traque des revendeurs pour les services de police.

 

En visant une population de jeunes consommateurs, les revendeurs mettent à disposition des drogues dérivées d’opioïdes, comme l’OxyContin, un puissant antidouleur. Ces substances qui nécessitent normalement une ordonnance peuvent mener à une surdose, parfois mortelle. En septembre 2024, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) arrêtait deux présumés revendeurs de drogues. Les deux suspects, âgés de 17 et 24 ans, sont inculpés de revendre des substances telles que du cannabis, de la kétamine, du Xanax et des opioïdes via une boutique en ligne nommée « Kushtard », un jeu de mots entre le cannabis et les célèbres dépanneurs canadiens. Selon le SPVM, les comprimés vendus et perquisitionnés contenaient en fait du nitazène, un opioïde de synthèse 25 fois plus puissant que le fentanyl. Encore plus grave, l’un des revendeurs avait déjà été interpellé pour des faits similaires en 2022. Ce dernier avait, lors d’une transaction avec des agents d’infiltration se faisant passer pour des clients, proposé en « bonus » des comprimés d’opiacés alors même que le faux client n’en demandait pas.

Encore selon les enquêteurs, la boutique en ligne pourrait être reliée au décès tragique d’un jeune montréalais en décembre 2023. Alors âgé de 15 ans, le jeune avait pris un comprimé contenant du nitazène avant de partir dans son sommeil alors que son père se trouvait dans la maison. Cette mort tragique avait ému l’ensemble du Québec, mettant un coup de projecteur sur la dangerosité des substances circulant sur le marché noir des médias sociaux.

Les réseaux sociaux, premier revendeur des jeunes

 

De nombreux experts du milieu des traitements de la dépendance chez les jeunes font le même constat : les médias sociaux sont la nouvelle plaque tournante de la vente de drogues chez les jeunes. Facilité d’accès, rapidité et anonymat sont les maîtres mots dans ce domaine et les médias sociaux semblent remplir ces critères parfaitement. Via des « stories » qui ne restent en ligne que 24 heures ou encore via des réseaux privés tels que Telegram, mentionné plus haut, il est presque impossible d’arrêter ce trafic.

À Portage, la tendance ne fait pas exception. En effet, interrogé sur le sujet, Patrick Varin, directeur du centre de réadaptation pour adolescents et jeunes du centre à Prévost dans les Laurentides, indiquait : « Aujourd’hui, c’est 8 jeunes sur 10 qui disent s’approvisionner via les médias sociaux avant de rentrer en thérapie. »

 

Ainsi, la tendance de revente de substances sur les médias sociaux semble gagner de l’ampleur ces dernières années, mettant de jeunes consommateurs face à des risques inconsidérés de surdose. Selon La Presse, un des juges chargés de l’affaire du « Kushtard » avait trouvé la situation « alarmante » et évoqué une stratégie pour créer une dépendance chez les consommateurs et les inciter à revenir acheter plus de comprimés.

Toujours interrogés par La Presse, des employés du Groupe de recherche et d’intervention psychosociale (GRIP) indiquaient qu’interdire les réseaux sociaux aux jeunes n’est pas une solution viable. Selon les experts du milieu, il faudrait privilégier la communication autour des dangers des médias sociaux. Les jeunes qui ont leur cellulaire en tout temps avec eux ne sont jamais plus qu’à un clic de ces substances dangereuses.

 

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