04-15-2025

À neuf ans, j’ai commencé à consommer de l’alcool, poussée par ma propre mère. Au fil des ans, afin d’échapper à tout prix à mon mal-être, j’ai commencé à me mutiler. Puis, à 14 ans, j’ai commencé à prendre de la drogue. Certaines personnes seraient peut-être d’avis que je n’avais pas un gros problème de consommation ; ma famille et mes amies n’en savaient d’ailleurs rien. Toute ma vie, on m’avait appris à dissimuler mes tourments, parce que le vrai problème, c’était moi : moi qui étais folle, moi qui n’étais pas à la hauteur.

Portage m’a aidée à comprendre que tout cela était faux.

Je suis entrée chez Portage la première fois en mars 2022. Je ne le faisais pas pour moi, mais parce que mes parents m’y obligeaient. Je m’étais toujours sentie rejetée par la société. Je me faisais intimider, juger, et surtout, je jouais la victime. Je croyais que le monde tournait autour de moi et que j’avais toujours raison : en douter m’aurait obligée à reconnaître que je pouvais, en réalité, avoir tort. Je me vouais moi-même à l’échec en refusant d’apprendre de mes erreurs et d’évoluer. Je manquais de maturité et je n’étais pas encore prête à suivre le programme qui allait pourtant un jour me sauver la vie.

J’ai quitté Portage après cinq semaines. J’ai passé l’année suivante à me faire bousculer d’un endroit à un autre à Montréal. J’ai commencé à prendre des drogues de synthèse et à avoir des fréquentations malsaines, et mon problème de dépendance s’est beaucoup aggravé.

Ce qui me pesait le plus, c’était la solitude. J’avais besoin de stabilité et d’amour, et surtout, de croire qu’il était possible qu’on me les offre, car toute ma vie, je n’avais eu que moi sur qui compter et je n’avais souvent pas été en mesure de me protéger de ce que je craignais.

En janvier 2023, je suis tombée à mon plus bas. Il me semblait encore une fois ne plus avoir de raison de vivre. Je n’avais personne, pas de chez-moi et pas d’espoir. C’est alors que j’ai décidé de cesser de m’entêter et de retourner chez Portage.

Je n’ai jamais souhaité prendre de drogues, c’est plutôt que je croyais avoir besoin d’en prendre. Je n’ai jamais aimé perdre la maîtrise de moi-même sous l’effet d’une substance qui ne cessait de me trahir et de me mettre en danger ; je prenais de la drogue pour fuir la douleur du passé et du présent, croyant, à tort, que c’était la manière la plus simple d’y parvenir. Après des années de thérapie, je m’étais convaincue que mes traumatismes, mes relations avec ma famille et mes troubles de santé mentale ne s’amélioreraient jamais. Alors, pourquoi ne pas essayer le programme une autre fois ?

Cela n’a pas été facile. Mais en réintégrant le programme [à Portage Lac Écho] et en m’entêtant à sauver ma vie plutôt qu’à la détruire, j’ai réussi. Pour la première fois, je me suis rendu compte que la meilleure façon de surmonter les difficultés, ce n’est pas de les esquiver en consommant ou en s’infligeant des blessures, mais de les affronter. J’ai décidé que je n’allais plus craindre la vie et la fuir : j’allais la vivre pleinement.

Portage m’a appris à être la meilleure version de moi-même. Le programme ne m’a pas changée, il m’a aidée à évoluer et à m’épanouir. Même dans des moments où j’avais l’impression que le monde entier était contre moi, je savais que je pourrais surmonter n’importe quelle difficulté pourvu que je sache baisser ma garde et croire en moi-même.

Aujourd’hui, je suis sobre. Tout n’est pas toujours rose, mais je vis ma meilleure vie. Je suis épanouie et plus en santé que jamais, je défends ce en quoi je crois et je suis prête à changer le monde.

Je n’ai jamais été aussi heureuse et en meilleure santé. Portage a énormément contribué à faire de moi la personne que je suis aujourd’hui et demeure mon principal soutien pour m’aider à affronter la vie.

Kayden, Programme anglophone pour adolescents et jeunes adultes — Portage Lac Écho, 2022

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