10-25-2024

Le parcours d’Eric, de la dépendance au rétablissement, est un témoignage de résilience, de détermination et de tout ce qu’on peut accomplir lorsque la vie nous donne une seconde chance. Avant d’entrer chez Portage Atlantique, Eric était pris dans le cycle de la dépendance et du désespoir, et confronté à d’immenses défis. Grâce au programme structuré de Portage et à l’amour indéfectible de sa famille, il a su retrouver le chemin de la sobriété et reconstruire sa vie.

Dans l’éloquent témoignage qui suit, Eric décrit ses combats personnels et la transformation qu’il a vécue grâce à Portage Atlantique. Et dans un discours émouvant, prononcé lors de la Cérémonie annuelle de Reconnaissance tenue le 6 octobre dernier, son père, Ted, a partagé la grande fierté et la profonde reconnaissance que lui inspirent le rétablissement d’Eric et le bien-être retrouvé de leur famille.

Avant le traitement

Avant d’entrer chez Portage, ma vie était un désastre. La drogue et l’alcool avaient priorité sur ma famille et mes amis. Je ne me souciais de rien ni de personne, pas même de moi. Je manipulais ma famille et mes amis, de sorte qu’ils croyaient que tout allait au mieux pour moi et que je « faisais simplement ce que font tous les jeunes de mon âge ». Je m’étais persuadé que ma vie n’était après tout pas si pire que ça et que je traversais une phase, sans plus.

J’avais très peu de véritables amis, mais plutôt des “amis” avec lesquels je consommais de la drogue et en qui je n’avais aucunement confiance. Je me sentais isolé de toutes les personnes qui comptaient dans ma vie, à force de leur dissimuler tant de choses et d’avoir si peur de leur révéler l’ampleur de ma dépendance. Je croyais que la mort était ma seule issue et qu’elle permettrait aux gens qui m’aimaient d’arrêter de se faire du souci pour moi.

J’ai fait d’innombrables tentatives de surdose. J’ai testé mes limites en combinant benzodiazépines et alcool; peu m’importait que je survive ou non. Mon but était de mourir avant 2024, car je n’en pouvais plus de vivre avec la culpabilité que je ressentais depuis des années et de ne pas pouvoir rester plus de deux ou trois heures sans prendre de drogue ou d’alcool. Je croyais que la sobriété n’était qu’un rêve inatteignable, un rêve que j’avais tenté maintes fois de réaliser, mais en vain. J’avais pourtant réussi à me sevrer des benzodiazépines avec l’aide de mon médecin, après qu’une tentative de le faire en solo eut précipité un épisode de convulsions. Mais cela m’a amené à consommer plus d’alcool et à prendre des antidouleurs, sachant qu’il était moins dangereux de se sevrer de ces substances que des benzodiazépines.

J’ai décidé d’aller chez Portage après avoir fait une surdose à la maison. J’avais recommencé à prendre des benzodiazépines, que je mélangeais à de l’alcool. Je vomissais du sang lorsque ma mère est descendue à l’étage et m’a vu. Elle m’a emmené à l’hôpital, où l’on m’a appris que la paroi de mon estomac était presque détruite et que je mourrais d’ici peu si je ne changeais pas mes habitudes. Avant que j’entre chez Portage, mes parents savaient seulement que je consommais de l’alcool et du cannabis; ils ne savaient rien de ma dépendance aux comprimés.

Pendant le traitement

Je suis arrivé chez Portage ne sachant rien de la difficulté du programme. Je savais qu’il durait longtemps, mais j’ignorais qu’il était si structuré et qu’il fallait travailler si fort pour le mener à bon terme. Mon but était de rester environ un mois, le temps d’apprendre à boire de façon responsable – ce qui est impossible pour 99 % des personnes qui ont une dépendance.

Les deux ou trois premières semaines au centre se sont plutôt bien passées, car je croyais pouvoir dissimuler mes sentiments, éviter de faire de la thérapie et me rétablir pour pouvoir sortir de là au plus vite. Mais j’ai vite compris que mes attentes n’étaient pas réalistes.

Après un mois environ, j’ai commencé à montrer mes vraies couleurs. Je suis devenu colérique, agressif, irrespectueux, arrogant et réfractaire envers le personnel et la communauté de Portage Atlantique. Je ne voulais parler ni de mon passé ni de mes sentiments, et je ne voulais pas de conseils de qui que ce soit. La vie en communauté était une énorme adaptation pour moi qui était habitué à être seul, à m’isoler de tous et à toujours dissimuler mes sentiments. Je ne prenais rien ni personne au sérieux et je restais uniquement par crainte de décevoir mes proches et de boire jusqu'à en mourir si je retournais à la maison.

Puis, j’ai appris à travailler avec ma communauté, avec le personnel et, surtout, avec l’intervenant chargé de mon dossier. Je me suis rendu compte à quel point j’avais besoin d’être ici et à quel point je m’étais montré ingrat envers le personnel qui m’offrait cette occasion de me rétablir et qui me donnait de leur temps. Je me suis ouvert au personnel et à la communauté, j’ai commencé à leur parler de mes sentiments, mes traumatismes, mes expériences et ma culpabilité. Mon intervenant au dossier a travaillé assidûment avec moi; il a créé de solides plans d’intervention et m’a beaucoup parlé de la culpabilité que j’éprouvais, et de ma famille.

J’ai redécouvert mon sens moral et mes principes chez Portage, et j’ai appris à me gérer. Je n’étais pas parfait, mais j’étais beaucoup mieux qu’à mon arrivée. Tout cela n’aurait pas été possible sans le soutien du personnel, de la communauté et de ma famille. J’ai moi aussi joué un rôle important, mais je n’aurais pas terminé le programme sans l’aide de ma famille. Il m’arrivait de leur parler plus fréquemment au téléphone dans ces moments où je voulais quitter le centre. Ils n’essayaient pas de me forcer à rester; ils me parlaient plutôt des raisons qui m’incitaient à vouloir partir et des inquiétudes que mon départ leur causerait.

Après le traitement

Après avoir vécu dans un environnement si structuré et si isolé des risques et des aléas du monde extérieur, j’ai parfois été tenté de tourner le dos à tout ce que j’avais accompli et de recommencer à consommer. Heureusement, mon système de soutien m’a aidé à surmonter mes envies de consommer et mes idées noires. Le programme postcure et les AA m’ont aussi beaucoup aidé grâce aux conseils provenant d’autres personnes qui suivaient le même parcours vers la sobriété.

Le programme m’a remis sur la bonne voie et m’a orienté dans la bonne direction. J’ai été réadmis au collège, j’ai obtenu un emploi et j’ai réalisé un de mes rêves, celui d’avoir une motocyclette. Je suis redevenu productif, au lieu de rester assis dans ma chambre à ne rien faire, à boire et à avaler des pilules toute la journée. J’avais un sentiment d’accomplissement et, pour une fois dans ma vie, j’étais fier de moi. Je constate tout le progrès que j’ai fait et je n’ai pas peur de partager mon histoire avec qui que ce soit.

J’ai réussi à rebâtir mes relations avec ma famille en étant transparent et honnête. Je peux parler avec mon frère, faire des activités en famille et passer du temps avec eux. Je n’ai pas peur de leur demander de l’aide, chose que je ne faisais jamais auparavant parce que j’y voyais un signe de faiblesse.

Portage m’a aidé à faire des choses que je croyais impossibles : m’aider à devenir et à rester sobre, à nouer de véritables relations avec les gens, à rebâtir ma famille, à gérer mes sentiments et à en parler, à demander de l’aide, et plus encore. Je ne me rends même plus compte de tout ce que j’ai appris; tout ça est devenu si naturel pour moi, j’en oublie que ce sont des choses que je n’aurais jamais faites auparavant. J’aurai toujours une grande affection pour Portage; je continuerai de les soutenir tout au long de ma carrière et d’en faire la promotion auprès des personnes qui luttent contre une dépendance, car tout le monde a droit à une seconde chance.

« Un nouveau départ », discours du père d’Eric lors de la Fête de la reconnaissance tenue le 6 octobre

[…] Aujourd’hui, Eric mène une vie de sobriété. Libéré de l’alcool et de la drogue, il n’est plus pris dans l’abîme sombre et profond de la dépendance et du désespoir, sans idée de comment s’en sortir. Chaque jour, il travaille à devenir une meilleure version de lui-même. Il demeure fidèle à lui-même et reste en contact avec Portage en assistant aux rencontres en présentiel du programme postcure. Il est retourné sur le marché du travail et a travaillé tout l’été chez PepsiCo. Il a repris sa deuxième année de collège. Il a rebâti ses relations avec son frère, ses amis, ma conjointe et moi. La confiance a été rétablie et notre famille vit en paix. Eric, ton frère, ta mère et moi t’aimons profondément. 

Eric, Programme pour adolescents et jeunes adultes, Portage Atlantique, 2024

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