Les troubles concomitants représentent l'un des défis les plus complexes du système de santé. Lorsqu'une personne présente simultanément des problèmes de santé mentale importants et une consommation de substances, elle se retrouve souvent prise dans un labyrinthe de services disjoints qui, paradoxalement, peuvent aggraver sa situation plutôt que l'améliorer.
Qu'est-ce qu'un trouble concomitant ?
Un trouble concomitant (TC) se manifeste lorsqu'une personne vit des enjeux de santé mentale en même temps qu'une consommation de substances. Ces troubles apparaissent simultanément et sont interconnectés dans leur développement.
L'Association des intervenants en dépendance du Québec (AIDQ) identifie quatre grandes causes pour expliquer l'apparition des troubles concomitants :
- L'automédication : La consommation de substances pour soulager un trouble de santé mentale. Cette stratégie peut offrir un soulagement temporaire, mais elle aggrave souvent la situation à long terme. Exemple : une personne souffrant d’insomnie chronique qui prend des somnifères ou du cannabis pour dormir.
- La consommation déclenche un trouble mental : Consommer des substances peut déclencher ou aggraver un trouble mental, comme un épisode dépressif, anxieux ou psychotique. Exemple : après une période intense de consommation de méthamphétamines, une personne développe un trouble paranoïde sévère.
- Les conséquences indirectes: les conséquences de la consommation (perte d’emploi, isolement, précarité, etc.) peuvent entraîner à leur tour une détérioration de la santé mentale. Exemple : une personne perd la garde de ses enfants en raison de sa consommation, ce qui déclenche chez elle un épisode dépressif majeur.
- Le facteur commun: un facteur commun, comme un traumatisme, une vulnérabilité biologique ou un stress psychosocial, peut être à l’origine à la fois de la consommation et des troubles psychiques. Exemple : une personne ayant grandi dans un milieu violent et instable développe un trouble de la personnalité et commence à consommer pour réguler ses émotions.
Ces modèles sont illustrés dans des fiches explicatives disponibles sur le site de l’AIDQ, accompagnées de conseils et des pistes d’intervention.
Le phénomène du ballottement : quand les systèmes ne se parlent pas
Les personnes vivant avec un trouble concomitant se retrouvent souvent coincées entre plusieurs systèmes – santé, services sociaux, justice, logement – sans coordination réelle entre les intervenants. Ce manque de communication entre les ressources crée un effet de ballottement, où la personne est dirigée d’un service à l’autre sans réponse globale à sa situation.
Résultat : plutôt que de se stabiliser, elle voit sa détresse s’aggraver, sa motivation s’éroder et son sentiment d’exclusion s’amplifier. Ce phénomène, comme documenté par l’AIDQ, souligne l’importance d’une approche intégrée, continue et centrée sur la personne.
Deux capsules pour mieux comprendre le ballotement – AIDQ
Le principe de « No wrong door » devient alors essentiel : peu importe la porte par laquelle une personne entre dans le système, elle doit être accueillie, écoutée, orientée et guidée vers une aide adaptée. Chaque point de contact doit être une opportunité réelle d’accès à un soutien, et non un renvoi vers un autre maillon du réseau.
Un modèle d’intervention intégrée : le programme Santé mentale et dépendance de Portage
Face à la réalité complexe des troubles concomitants, le programme Santé mentale et dépendance de Portage constitue une réponse concrète et intégrée aux besoins des personnes vivant avec cette double problématique. Pensé pour réduire les écarts entre la santé mentale et les dépendances, le programme résidentiel mise sur une approche globale et humaine.
À Portage, les usagers bénéficient d’un encadrement thérapeutique structuré, fondé sur une approche multidimensionnelle qui prend en compte l’ensemble de leur réalité : les symptômes psychiques, la consommation, le parcours de vie, les forces, les besoins, les traumatismes et les objectifs personnels.
Concrètement, le programme propose :
- Des sessions de thérapies centrées sur la compréhension du lien entre santé mentale et consommation
- Des interventions cliniques pour stabiliser les troubles psychiques et favoriser la régulation émotionnelle
- Des ateliers de développement personnel, d’estime de soi, de résolution de conflits et de gestion du stress
- Un accompagnement vers la réinsertion sociale et la préparation au retour dans la communauté.
En offrant un cadre structuré et bienveillant, le programme Santé mentale et dépendance démontre qu’il est possible de répondre efficacement aux besoins complexes des personnes vivant avec un trouble concomitant. Ce modèle, qui intègre les différentes dimensions du rétablissement sous un même toit, offre non seulement une stabilité, mais aussi une vraie continuité dans l’accompagnement.
C’est en multipliant ce type de services qu’on peut espérer transformer un système encore trop fragmenté. Plutôt que de laisser les personnes naviguer seules dans un parcours décousu, nous avons collectivement la responsabilité de bâtir des ponts entre les services, pour que chaque porte qu’elles poussent ouvre sur une vraie possibilité d’aide.
Chez Portage, nous croyons que personne ne devrait affronter ces défis seul.
Si vous ou un proche vivez à la fois des enjeux de santé mentale et de consommation, le programme Santé mentale et dépendance peut vous aider.
Contactez-nous en toute confidentialité.
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