Je suis arrivée chez Portage altérée et éprouvée par la vie. Remplie de colère, je m’adonnais à des comportements imprudents et inconsidérés. Au cours de l’année précédant ma réadaptation, j’ai senti que ma vie s’écroulait tout autour de moi. J’en reportais le blâme sur tous, sauf moi-même, et je m’enfonçais de plus en plus dans le gouffre de la toxicomanie.
Lorsqu’on me suggéra pour la première fois d’aller chez Portage, j’ai pris cela à la légère. Ma dépendance ne me semblait pas si grave. Dans ma tête, ceux qui me conseillaient d’aller en réadaptation m’avaient en fait laissé tombée; ne sachant plus comment m’aider, ils cherchaient simplement à se défaire de moi.
Semaine après semaine, je persistais dans mon comportement destructeur, avec des conséquences de plus en plus sérieuses. Et jour après jour, la personne que j’avais été disparaissait un peu plus. Je savais bien que je m’en allais à la dérive, mais cela m’était égal. Je croyais vraiment que je ne serais jamais plus que la personne vide et perdue que j’étais devenue.
Puis, contre toute attente, j’ai décidé d’aller chez Portage. Je ne sais toujours pas ce qui a motivé ce changement de cap, mais je savais, au fond de moi, que c’était un grand pas dans la bonne direction. Une fois ma date d’admission confirmée, j’ai poursuivi ma vie d’insouciance jusqu’au matin même de mon départ pour Portage. Ce n’est qu’au moment d’éteindre la lumière de ma chambre, de prendre ma valise et de faire un dernier câlin à mes animaux de compagnie que mes larmes se sont mises à couler. J’avais finalement réalisé que je partais.
J’ai été en traitement pendant quatre mois et demi. J’ai passé trois de ces mois à tenter de retourner à la maison. Je ne voulais pas rester, convaincue que ma dépendance n’était pas « si » grave. Je ne voulais pas l’avouer à l’époque, mais ce que je voulais vraiment c’était de retourner à mon existence insouciante, et je détestais ceux qui m’obligeaient à rester. Mais, aujourd’hui, je répéterais volontiers l’expérience. Je suis à tout jamais reconnaissante à Portage et à ma famille des efforts qu’ils ont déployés pour que je reste en réadaptation. Ce n’était pas ce que je voulais, mais c’était ce qu’il me fallait.
Le séjour chez Portage n’a pas été facile et a suscité beaucoup de larmes et d’émotions négatives. Mais, en tout et pour tout, cela n’a pas été si mal, bien au contraire. Portage m’a inculqué des compétences de vie fondamentales. Le personnel peut être exigeant, mais c’est parce qu’il a à cœur le bien-être des résidents. L’empathie et le dévouement des employés sont sans égal. Je n’aurais jamais cru que mon séjour chez Portage puisse être aussi riche en éclats de rire et en souvenirs impérissables. J’y ai rencontré des gens qui comptent maintenant parmi mes meilleurs amis, et le personnel est devenu comme une famille. Portage est bien plus qu’un centre de réadaptation, c’est un chez-soi.
Trois mois après avoir terminé le programme, j’ai fait une rechute. Cela n’avait rien de surprenant, car les signes étaient là. Le matin après ma rechute, j’ai ressenti une immense culpabilité. J’étais gênée et j’avais peur. Je suis tout de suite allée chez Portage passer un séjour d’une semaine. Ce n’était pas vraiment mon choix, mais je savais que c’était nécessaire. La semaine m’a paru longue. Je voulais tout abandonner, car j’avais l’impression d’avoir gaspillé tout le temps et les efforts que j’avais consacrés au programme. J’ai tenté de quitter le centre, mais le personnel n’a pas voulu me laisser partir. Portage ne m’a jamais laissé tomber, même lorsque je l’aurais bien voulu. La culpabilité que j’ai éprouvée lors de ma rechute me motive sans cesse à rester sobre, et tout ce que j’ai accompli en surmontant ma dépendance et grâce aux compétences acquises chez Portage me prouve que la sobriété en vaut vraiment la peine.
Lorsque je suis arrivée chez Portage en mai 2022, j’avais rompu mes relations avec ma famille, j’avais été expulsée de l’école durant ma dernière année d’études, j’étais incapable de gérer mes émotions et je n’avais aucune idée de qui j’étais. Je mourais un peu plus chaque jour que je restais sous l’emprise de la toxicomanie. Aujourd’hui, je suis en mesure de dire que j’ai terminé mes études et obtenu mon diplôme en juin 2023. J’entre au cégep à l’automne 2024, je ne consomme pas d’alcool depuis près de deux ans et je viens de fêter une année sans consommer de drogue. De plus, je sais gérer mes émotions et, surtout, ma maison est redevenue un véritable chez-soi. Non seulement j'ai renoué avec ma famille, mais j’ai trouvé une seconde maison et une seconde famille chez Portage.
Avant, ma plus grande crainte c’était l’avenir, parce que je n’avais aucune idée de qui je voulais être. J’ai passé ma vie à fuir mes problèmes, j’ai rejeté la colère que je ressentais envers moi-même sur les autres et j’ai agi égoïstement chaque fois que j’en ai eu l’occasion. Maintenant, ma plus grande crainte c’est de redevenir cette personne qui, dépourvue d’espoir, avait cessé de croire en elle-même. Portage m’a aidée à devenir la personne que l’alcool et la drogue m’empêchaient d’être et à redevenir la personne que j’étais vraiment. Portage, appuyé de mes merveilleux parents, m’a sauvé la vie.
Kaylee, programme pour adolescents et jeunes adultes, Portage Atlantique, 2023
Partagez cet article :
Laisser un commentaire