getting out of addiction

10-17-2017

Portage accueille, accompagne et soutient tous ceux qui prennent la décision de quitter leur environnement pour mettre fin à leur dépendance, changeant ainsi le cours de leur vie. Philippe est entré à Portage avec le désir inconscient de redevenir celui qu’il était. À 21 ans, il entrait dans une tranche d’âge habituellement marquée par les transformations importantes, les nouvelles responsabilités et les prises de conscience.

Son histoire

«Je suis un grand sportif, j’ai joué au baseball pendant 15 ans, ce qui m’a amené à beaucoup voyager. J’ai eu beaucoup de mérite dans mon succès. J’avais une carrière et je me destinais tranquillement au milieu professionnel. » Le rêve américain de Philippe s’est effondré le jour où il s’est blessé au bras. « Le problème était que je ne connaissais pas mes limites. J’ai les ai dépassées et, d’une certaine façon, j’ai perdu mon bras ».

Pendant 15 ans, il avait tout misé sur ses talents pour réaliser son rêve et peut-être, aussi, celui de son père. «Mon père a 65 ans, ce qui est quand même assez spécial. Il consommait beaucoup. J’ai longtemps cru que c’était une des raisons de son départ précipité de la maison, que c’était pour aller consommer avec ses amis. Mais en fait, j’ai su, il n’y a pas très longtemps, que mon père était dépressif et suicidaire. Il avait quitté la maison pour éviter de mettre fin à sa vie. » Une accumulation de mauvais coups a conduit Philippe à se renfermer de plus en plus jusqu’à ce qu’il se retrouve complètement seul, à passer son temps dans un recoin de son sous-sol, avec la drogue comme seule compagne.

 

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« J’ai fait beaucoup de choses dans ma vie, mais pendant les quatre dernières années, je me suis juste isolé. Je suis resté pendant quatre ans dans un sous-sol à consommer. Je ne voyais pu rien, je vivais dans un autre monde, un monde qui était le mien. J’étais dans le déni. »

 

 

 

Le moment déclencheur pour Philippe a eu lieu quand il a réalisé l’état dans lequel son père était tombé, et dans lequel il avait lui-même sombré. « Lorsque j’ai pris conscience que la personne de cœur que j’étais était maintenant ensevelie par l’homme sombre que j’étais devenu, j’ai compris que je n’avais plus de choix... C’était la rue ou Portage. »

Ses premiers pas

Prendre une décision, c’est une chose, mais aller jusqu’au bout, c’en est une autre. «Je suis venu à Portage par moi-même. C’est sûr qu’au début, ma décision était pour ma famille. En fait, mon père était psychoéducateur, ma mère est travailleuse sociale et ma petite sœur de 19 ans s’en va en technique de délinquance en toxicomanie. J’ai une super belle famille, mais malheureusement j’ai dévié des valeurs familiales et je suis parti dans une autre direction. Je suis allé une journée dans un autre centre et je suis reparti après. Je suis arrivé là-bas et comme je n’avais pas une bonne connaissance de moi-même et que j’avais peur du jugement, je suis retourné chez moi me cacher de nouveau dans mon sous-sol. »

Ça fait 5 mois que Philippe a mis les pieds pour la première fois à Portage. À la différence de l’endroit où il était allé passer une journée, Philippe est resté à Portage. « Ici, nous avons l’occasion de prendre soin de nos jugements et de nos perceptions. C’est ce que j’ai ressenti la première fois que je suis venu à Portage. » Son intervenant ajoute que : « ce qui est incroyable lorsque nous travaillons bien le programme et que nous mettons en pratique les 21 compétences (être organisé, être structuré, être capable de prendre soin du sentiment identifié, etc.), les progrès arrivent naturellement. Philippe a bien progressé et a été capable d’être enfin honnête avec lui-même ».

 

Son cheminement

Tout au long du programme pour adultes de Portage au Lac Écho, les résidents développent et améliorent leur maîtrise des 21 compétences, et apprennent à en faire des outils pour retrouver leur liberté. Le travail acharné est toujours payant. Philippe en est la preuve. « J’avais beaucoup d’attentes envers moi-même. Plutôt que de faire face à mes problèmes et de chercher des solutions, je me suis replié sur moi-même. Même quand j’étais heureux et que je jouais (au baseball), je focalisais toujours sur les problèmes et jamais sur les solutions, chose que j’ai appris à faire à Portage ».

La prise de responsabilités aide beaucoup les toxicomanes à évoluer. Son intervenant explique que : « Philippe a vraiment travaillé sa confiance en lui et son estime personnelle en se responsabilisant. Aujourd’hui, il n’a plus besoin de se cacher. Il fait face à ses difficultés. Il a appris que les fuir n’est pas la meilleure des solutions et que la seule chose qu’il peut faire, c’est de voir comment il va les résoudre ».

La 6e étape du programme focalise sur la transition vers la réintégration en société. Ce ne sont pas tous les résidents qui la font ; cela dépend de leur plan de vie personnel, de leurs projets scolaires ou professionnels. « Je suis assez content de ce que j’ai réussi à construire par moi-même. Depuis environ deux mois, j’ai entrepris mes propres démarches. J’ai une bonne famille qui est derrière moi et j’ai l’intention d’aller en appartement avec mes deux cousins qui vont être un bon groupe de soutien pour moi. Je vais aussi retourner aux études en animation 3D au cégep. » Quand Philippe est arrivé à Portage, il se sentait démoli, sans envie de vivre. Mais depuis, il constate, tout comme son intervenant, que Portage a été la solution dont il avait besoin.

 

the-sun-470317__340philippe 2« Portage m’a donné la confiance, je suis là pour moi-même. Ça fait du bien de voir que les gens peuvent te faire confiance, que ce soit les intervenants ou les autres résidents. Quand tu as perdu toute la confiance des gens que tu aimais, c’est difficile de croire que d’autres peuvent te faire confiance. »

« Portage me donne le pouvoir de rêver, d’espérer et de croire qu’il y a une lumière au bout du tunnel. J’ai réussi à me mettre un cadre de limites personnelles. Je sais maintenant que si je sors de ce cadre et des valeurs familiales, je peux facilement retomber dans la solitude et dans la dépendance. Bref, j’ai réussi à savoir qui je suis. »

Ses victoires

Certaines compétences s’avèrent plus déterminantes que d’autres pour reprendre en main les rênes de sa vie. «L’empathie est celle qui m’a beaucoup apporté. Avant Portage, je n’avais aucune empathie. Je n’arrivais pas à ressentir les émotions ou me mettre à la place de quelqu’un d’autre. Juste ce matin, j’ai aidé un autre résident et il m’a ensuite pris dans ses bras. Je sais que mon aide n’a pas fait du bien qu’à lui, mais à moi aussi. »

« Portage m’a donné la confiance, je suis là pour moi-même. Ça fait du bien de voir que les gens peuvent te faire confiance, que ce soit les intervenants ou les autres résidents. Quand tu as perdu toute la confiance des gens que tu aimais, c’est difficile de croire que d’autres peuvent te faire confiance. »

« Je vais avouer qu’avant la 4e étape [du programme], je ne me rappelais pu quand j’avais pleuré. Lorsque j’ai eu des nouvelles de mon père, j’ai craqué. Je n’ai plus peur d’être transparent et de montrer qui je suis. Qu’il s’agisse d’un résident ou un intervenant, tout le monde reste égal à mes yeux. Nous sommes tous des humains avec des sentiments, des émotions, une pensée. »

Sans même le savoir, les résidents commencent à acquérir leurs premières forces dès qu’ils appellent Portage et demandent de l’aide.

 

 

Annie-Kim Plante

Bloggeuse pour Portage

 

Pour lire sur la dépendance :

Les deux visages de la toxicomanie

L’expérience du Rat Park : mieux comprendre l’addiction

Sommes-nous tous égaux devant l’addiction?

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