11-12-2025

Moi c’est Masha, j’ai 22 ans et je suis une alcoolique toxicomane en rétablissement.  Voici mon histoire.

Étant enfant, j’étais pleine de vie, toujours souriante, active, sociable et plus encore. Tout au long de mon primaire, j’avais ma « gang » d’amis. Je jouais au soccer, je faisais de la gymnastique, du cheerleading et de la danse. J’étais bonne à l’école et j’étais appréciée de mes professeurs. C’est au niveau familial que c’était difficile.

Un de mes parents souffrait de dépendance et l’ambiance dans la maison était lourde, négative et parfois difficile à vivre. Après leur divorce, ma relation avec mes frères et ma sœur du côté de mon père était plus difficile puisque j’habitais chez ma mère et je voyais mon père une fin de semaine sur deux. Peu de temps après cette séparation, mes deux parents se sont trouvés des conjoints/conjointes. Tout au long de ma vie, la relation avec ces beaux-parents était difficile.

J’ai commencé à consommer jeune puisque, d’un côté de ma famille, l’alcool était très présent. Vers la fin de ma 6e année, j’ai commencé à vivre de l’intimidation, qui a perduré jusqu’à mon secondaire 3. Je ne me sentais bien nulle part : à l’école, ça n’allait pas, à mes deux maisons non plus, je ne savais plus où me placer. Tout mon secondaire, je me suis construit un masque. C’est lorsque j’ai utilisé la violence pour mettre un terme à l’intimidation que je vivais que les gens ont commencé à me voir. J’étais « cool » maintenant.

De plus, la consommation est venue prendre une grande place à 14-15 ans. Rapidement, on a commencé à aimer la personne que j’étais en consommation. Un mindset très toxique s’est donc installé dans ma tête à cette période. Les garçons, la drogue, l’alcool et la popularité étaient maintenant les choses les plus importantes dans ma vie.

Au cours de mes 15 à 18 ans, j’ai vécu des traumatismes assez sévères qui, malheureusement, ont empiré ma relation avec l’alcool. Plus le temps avançait, moins on commençait à m’aimer. J’étais violente, négative et très impulsive. Les gens n’avaient plus envie de prendre la chance d’être autour de moi puisque maintenant, la Masha « cool » sous influence n’était plus si « cool ».

À 18 ans, j’ai fait ma première thérapie, une thérapie fermée de 28 jours, suite à un événement traumatisant qui a complètement changé ma vie. Cette thérapie n’a pas fonctionné. J’étais trop ancrée dans la consommation. L’année de mes 18-19 ans a été un enfer. J’ai essayé d’attenter à ma vie à plus de 10 reprises. Je n’étais plus moi-même, je ne voulais plus vivre et on ne me reconnaissait plus. J’étais rendue manipulatrice, menteuse, je n’étais pas capable de garder un travail, je n’avais plus de rêve, j’étais rendue vide.

C’est le 16 janvier 2023 que j’ai pris la décision d’arrêter de consommer et de faire les démarches pour rentrer à Portage Saint-Malachie, suite à une tentative qui m’a vraiment fait peur. J’ai vraiment failli mourir la nuit du 15 janvier.

Mon programme a commencé le 16 février 2023. Au début, ça fait peur : je n’avais plus de repères, je n’avais pas de consommation, j’avais un cadre plus strict, etc. Durant ce programme, j’ai appris à me connaître, à comprendre la personne que j’étais, je me suis tissée des liens inconditionnels, j’ai réappris à vivre.

Tout au long de mon programme, j’étais soutenue par les membres du personnel, des gens qui font vraiment la différence. Une fois que j’ai laissé mes gardes tomber, que j’ai donné une chance à mon nouveau mode de vie et que j’ai arrêté de n’en faire qu’à ma tête, tout a commencé à faire du sens. J’ai repris des liens avec ma famille, avec mes amis, j’ai recommencé à rêver, à vouloir un futur, je me suis remise au sport. Bref, petit à petit, je suis redevenue moi-même.

Le 12 septembre 2023, j’ai terminé mon programme. J’enclenchais maintenant le suivi postcure. À Portage, quand tu termines ton programme résidentiel, tu es suivi pendant 18 mois. Tu as donc des suivis réguliers avec une intervenante, des suivis réguliers avec les gens qui ont aussi terminé leur programme résidentiel. Bref, tu ne te retrouves pas seul.

Durant cette année-là, j’ai obtenu mon permis de conduire, je me suis achetée une voiture, j’ai rencontré un compagnon de vie, je me suis trouvée un travail qui comblait mes aspirations, et je me suis entourée de gens qui étaient vraiment là pour moi.

C’est le 8 décembre 2024 que j’ai terminé mon programme de suivi postcure. J’ai donc terminé avec succès le programme complet de Portage.

Aujourd’hui, en 2025, j’ai de très beaux projets en route, je suis sobre et heureuse. Je ne dis pas que c’est toujours facile, la vie n’arrête pas parce que tu es sobre. Mais maintenant, j’ai des outils qui m’aident à passer au travers des défis de la vie. D’ailleurs, je vois encore mon intervenante du suivi postcure. J’ai encore besoin d’aide dans certains aspects de ma vie et c’est correct.

Demander de l’aide, c’est la meilleure chose que tu peux faire. Demander de l’aide, c’est te sauver de la mort, de la morgue ou de l’hôpital.

Merci d’avoir pris le temps de me lire et n’oublie jamais que tu es aimé(e), tu es important(e). Sauve-toi la vie et demande de l’aide.

 

Masha Larocque, Programme pour adolescents et jeunes adultes, Portage Saint-Malachie, 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Sign me up for the following newsletters: