01-20-2022

Les consommateurs de drogues sont-ils des criminels? Le débat est relancé encore une fois au Canada, suite à la demande de plusieurs chercheurs de la Santé publique et des corps policiers qui font face à la terrible crise des opioïdes. Alors que l’Oregon est devenu le premier état américain à voter la dépénalisation de toutes les drogues, d’autres exemples ont remis en question la possibilité d’obtenir des résultats positifs déterminants à l’aide de la dépénalisation.

 

Le Portugal, un exemple de réussite?

 

Le Portugal sort en 1973 d’une période de dictature militaire et l’instabilité sociale du pays en fait une plaque tournante du trafic international de drogues. La mise en place de politiques rigoureuses de contrôle des drogues illicites, inspirées par « la guerre contre la drogue » menée aux États-Unis, ne réussit pas à faire diminuer le nombre de consommateurs. À la fin des années 1990, près de 1 % des Portugais sont accros à l’héroïne et le pays compte le plus grand nombre de décès du SIDA liés à l’usage de la drogue dans l’Union européenne. La Santé publique portugaise décide alors de mettre en place des mesures extrajudiciaires novatrices pour lutter contre la toxicomanie au pays. Ainsi, les détenteurs et consommateurs de drogues ne sont plus considérés comme des criminels, mais bien comme des personnes qui ont besoin d’aide. João Goulão, directeur de l’Institut des drogues et de la toxicomanie déclare : « le plus important, c’est la relation que le sujet entretient avec la substance et non la substance elle-même ».

 

Depuis 2001, le système de santé publique prend en charge les personnes dépendantes à la drogue en leur offrant des services de réadaptation pour lutter contre les causes premières de leur toxicomanie. En 2017, le nombre de personnes dépendantes aux opioïdes a diminué de moitié et les décès liés aux surdoses sont cinq fois moins nombreux que la moyenne européenne. Le Portugal réussit ainsi en 15 ans à atténuer sensiblement l’épidémie de drogues grâce à ces mesures audacieuses.

 

La décriminalisation des drogues est-elle inévitable au Canada?

 

En août 2020, les procureurs fédéraux du Canada ont reçu de la directrice des poursuites pénales, Kathleen Roussel, l’instruction de ne plus lancer de poursuites judiciaires à l’encontre de personnes arrêtées pour simple possession de drogues. Dans un communiqué, le Service des poursuites pénales du Canada (SPPC) indiquait : « lorsque la possession découle d’un problème de consommation abusive, on devrait éviter les poursuites si le fautif s’inscrit à un programme judiciaire de traitement de la toxicomanie ou à un traitement dispensé sous la supervision d’un professionnel de la santé ». Pour sa part, Portage préconisait dès les années 1970 l’application de programmes de déjudiciarisation pour les infractions liées à l’usage des substances en organisant des conférences sur le sujet et en publiant en collaboration avec l’Université Carleton le bulletin d’information « Sentencing Matters ».

 

La prise en charge des personnes dépendantes doit être une question de santé publique selon des experts du domaine qui jugent que des mesures fortes doivent être instaurées en vue de changer les choses. Dans le contexte de la crise sanitaire due au Covid-19, on a vu au Canada une très forte hausse des cas de décès par surdoses. Le premier ministre de la Colombie-Britannique tirait en août 2020 la sonnette d’alarme : « Les interdictions criminelles sont inefficaces pour dissuader la consommation de drogues (…) La criminalisation de la possession de drogue mène à la stigmatisation individuelle et systémique qui empêche les utilisateurs de rechercher des services d’aide ». Suite à ces déclarations, c’est au tour de l’Association canadienne des chefs de police (ACCP) de s’élever en faveur d’un projet de loi visant à décriminaliser la simple possession de drogue. En effet, les policiers sont confrontés à une crise sans précédent au Canada avec l’arrivée des drogues de synthèses surpuissantes comme le fentanyl. Les cas de surdoses se multiplient et ces premiers répondants aimeraient ne pas avoir à se lancer à la poursuite des simples consommateurs de drogue.

 

La légalisation du cannabis en 2018 a-t-elle endigué le marché parallèle pour cette substance ? Des mesures similaires devront-elles être implantées d’un océan à l’autre afin d’enrayer la terrible crise des opioïdes et d’aider au mieux des consommateurs toujours plus en danger? Un projet de loi à cet effet a été proposé par le député de Vancouver Kingsway, Don Davies, le 15 avril 2021. Le projet vise à stopper la crise sanitaire qui sévit en Colombie-Britannique alors que l’on dénombre 1700 décès par surdoses de drogues illicites en 2020, pire bilan jamais enregistré sur une année. Si plusieurs questions restent encore sans réponse, une chose est certaine. On doit prévoir des ressources et des services suffisants pour répondre aux besoins des personnes touchées, trop souvent avec des conséquences désastreuses, par une épidémie de drogues qui perdure.

 

Pour la plupart des gens, demander de l’aide est souvent le plus difficile. 

Pour en savoir plus sur vos options de traitment et comment Portage peut vous aider, veuillez visiter notre site web ou appelez-nous directement au 1-844-939-0202. 

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Sign me up for the following newsletters: