10-26-2023

J’ai commencé très jeune à chercher un moyen de m’évader. Je me sentais pris au piège, mais j’avais toujours espoir de trouver une porte de sortie; je me disais que je devais juste attendre d’être plus vieux. J’ai été longtemps à ne penser qu’à cela et à simplement exister. J’avais douze ans lorsque j’ai commencé à consommer et je croyais pouvoir contrôler ma consommation.

Vers la fin du secondaire, j’ai commencé à « tomber en morceaux ». J’étais maintenant plus vieux, et pourtant, rien ne changeait. Alors, je prenais des décisions insensées. À 17 ans, je suis parti avec la vieille auto de ma mère et la ferme intention d’y vivre. Pendant quelque temps, ma dépendance ne faisait que s’aggraver. J’errais d’un endroit à l’autre et je rencontrais toute sorte de gens. Après quelque temps, ma dépendance avait atteint un point tel que je n’avais plus d’emploi, plus de chez-moi et plus personne.

Ce qui est étonnant, c’est que je n’y voyais pas de problème. Je vivais avec ma copine, je volais pour me procurer de la drogue et de la nourriture et je me tenais avec des gens qui pensaient comme moi. J’avais un toit, de l’argent et des amis (du moins, je pensais en avoir). Mais tout devenait ingérable, et j’ai donc tout quitté, une fois encore. C’est ainsi que je me suis retrouvé chez Portage, sans savoir vraiment dans quoi je m’engageais.

La première fois, je ne pouvais pas croire ce qui m’arrivait: j’étais maintenant sobre et pourtant tous les problèmes que j’évitais depuis des années refaisaient surface. J’ai perdu espoir, j’étais désemparé et j’ai réagi en quittant le programme. Le lendemain, après avoir ressenti toutes ces émotions, je me suis rendu compte que j’avais quitté le seul endroit où je m’étais senti suffisamment en sécurité pour faire face à mes problèmes et que je devais retourner chez Portage pour les surmonter. Pendant un mois, je n’ai fait que survivre, mais j’avais finalement trouvé ma porte de sortie et je suis donc retourné chez Portage.

À mon retour, mes problèmes ne sont pas disparus comme par magie. Soutenu par le personnel et mes pairs, j’ai fait les efforts nécessaires pour m’ouvrir aux autres et guérir les plaies du passé. Le personnel, surtout, n’a jamais perdu espoir en moi lorsque je commettais une erreur. Ils étaient constamment à mes côtés pour m’aider à voir ma situation dans son ensemble. Vers la fin du programme, j’étais capable de vraiment visualiser ce que je voulais pour l’avenir et ce que je devais faire pour y parvenir.

Après le programme, je suis retourné vivre chez mes parents. J’ai pu reconstruire ma relation avec eux pendant que j’étais chez Portage. Je leur ai parlé ouvertement de ce que j’avais ressenti en grandissant et de certaines choses dont j’avais besoin de leur part pour que notre relation guérisse.

Il y a près de deux mois que j’ai terminé mon programme résidentiel. Je travaille actuellement au centre de soutien communautaire de Portage à Guelph, où j’aide d’autres jeunes dans leur cheminement. Durant la semaine, je travaille et je vais au gym; je passe mes week-ends avec les gens qui me sont chers. J’ai réussi à bien équilibrer mes besoins et mes désirs. J’ai surtout hâte d’acheter une ferme et de fonder une grande famille. J’ai encore des journées difficiles, où je songe à retourner à mes vieilles habitudes. Puis, je pense aux outils que j’ai acquis chez Portage et à ce que je veux pour l’avenir, et souvent, c’est tout ce qu’il me faut pour traverser ces périodes ardues.

 

Sivahar, Programme pour adolescents, Elora, 2023

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