04-22-2020

La déclaration de l’état de crise sanitaire générale au Québec, en ce mois de mars 2020, a poussé Portage à prendre des mesures exceptionnelles pour ses centres résidentiels de réadaptation. Plus de visites, plus de sorties le week-end et un confinement total pour les usagers afin de garantir la sécurité et la santé de ces derniers face à la pandémie qui nous guette. Nous avons demandé aux jeunes résidents de Portage à Saint-Malachie de nous raconter le confinement.

La communauté thérapeutique et le nouveau quotidien

La thérapie en centre résidentiel à Portage dure 6 mois. Les adolescents forment une communauté thérapeutique qui s’entraide, s’écoute, se soutient afin d’atteindre le même but: #VaincreLaToxicomanie. La thérapie impose un rythme quotidien assez soutenu qui ne laisse pas de place à l’ennui ou l’oisiveté. Mais, depuis quelques semaines, tout a changé.

Toutes les mesures d’hygiène avaient été drastiquement renforcées au cours des dernières semaines. Les employées de Portage se faisaient prendre leur température à l’entrée le matin, l’importance du lavage des mains a été rappelée de nombreuses fois afin d’éviter de propager le virus. Puis les commissions scolaires ont fermé les unes après les autres. Enfin, devant le risque de la pandémie, Portage a pris la décision d’annuler toutes les visites et les sorties de ses centres résidentiels. Des mesures fortes qui pouvaient laisser craindre une montée naturelle de l’anxiété chez les usagers et leurs familles. « On a plus de sorties, plus d’école et on fait plus de clean-up (ménage en groupe à Portage) » nous dit Caroline.

Nous avons demandé aux jeunes résidents de Portage Saint-Malachie, en Chaudière-Appalaches, s’ils avaient conscience de l’ampleur de la crise sanitaire actuelle : « Oui nous écoutons les nouvelles tous les jours. » nous dit Anne-Sophie; « Quand l’école a fermé, la professeure nous a parlé de l’épidémie » ajoute Kylie. Ces jeunes comprennent que quelque chose de grave a lieu actuellement dans le monde entier grâce aux informations provinciales et aux points de presse du premier ministre québécois. Le contexte est exceptionnel, mais il est propice à l’entraide entre les résidents. Caroline est arrivée à Portage, dans la communauté des filles, il y a un mois. Elle explique ce qui a changé au quotidien : « On passe plus de temps à faire de la thérapie, on apprend à se connaître et à comprendre notre passé. On apprend à se serrer les coudes, à communiquer efficacement avec nos qualités et nos défauts. On travaille énormément sur le respect. ».

L’espoir comme moteur

L‘annulation des sorties et des visites éloigne de facto ces adolescents de leurs familles le temps du confinement. Une situation difficile à vivre au sein d’une thérapie où le lien familial est d’une importance primordiale. Portage a mis à disposition des jeunes, des téléphones ainsi qu’un accès aux logiciels de vidéoconférence pour rester en contact avec leurs proches. Patrice Coulombe, intervenant à Portage Saint-Malachie depuis plusieurs années raconte l’anxiété que peuvent ressentir ces jeunes : « Malgré tout l’encadrement que nous leur offrons pour mieux vivre la situation actuelle, ils ressentent de l’angoisse pour leur famille, leurs parents et leurs amis. Ils sont coupés du monde extérieur sans visite et sortie. Seulement l’utilisation du téléphone et de la vidéoconférence est permise. Comme vous le savez sûrement, la dépendance est un combat de chaque jour. Quand le stress devient plus grand et qu’ils sont plongés dans l’incertitude, leur grande fragilité ressort et ils ont parfois le goût d’abandonner le combat. ».

La réadaptation en toxicomanie est un combat contre la dépendance, mais c’est surtout l’envie de retrouver l’espoir d’une vie saine et remplie de projets d’avenir. S’il y a bien une chose que cette pandémie n’aura pas réussi à faire, c’est d’empêcher ces adolescents de croire en leurs rêves. Nous leur avons posé la question de savoir ce qu’ils projetaient de faire en sortant de Portage. « Commencer ma vie à nouveau et finir mes études » explique Alexis qui vient d’arriver en thérapie; « Je vais retourner à l’école pour avoir mon DES, finir mon permis de conduire et retourner au travail. J’aimerais trouver une nouvelle passion positive et continuer à faire de l’équitation et du motocross! Surtout, je vais me rapprocher de ma famille. » continue Anne-Sophie; « Je veux me trouver un appart’ et rentrer dans l’armée » conclue Loïc.

« Gardez espoir, car l’espoir est la clé de la réussite. » Kylie, résidente de Saint-Malachie.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Sign me up for the following newsletters: