10-12-2023

J’avais 13 ans lorsque j’ai commencé à consommer de la drogue et de l’alcool. J’ai perdu mes parents alors que j’étais encore adolescente, après avoir subi négligence et mauvais traitements de leur part. Ma relation avec eux m’avait prédisposée à accepter que d’autres personnes me traitent de manière semblable plus tard dans ma vie; j’en éprouvais encore plus de tristesse. Après le décès de mes parents, je me suis sentie abattue et sans espoir. J’ai tenté d’échapper à ces sentiments en consommant tout ce que je pouvais trouver. Puis, avant même de m’en rendre compte, je me suis retrouvée dans la rue, à Montréal, à me piquer et à dormir dans des parcs et des stationnements. C’est ainsi que j’ai passé une grande partie de ma vingtaine, allant de province en province sans jamais rester trop longtemps au même endroit, telle une pierre qui roule, une feuille portée par le vent. Après avoir travaillé dans un vignoble pendant trois ans (ce qui a eu un effet thérapeutique), j’ai quitté Montréal et, pendant deux ans, j’ai repris ma vie en main, seule et en serrant les dents. Il va sans dire que lorsque la pandémie est arrivée, avec son lot de difficultés, ma sobriété n’a pas tenu le coup. J’ai rechuté, puis je suis devenue enceinte de mon ex. C’est alors que j’ai décidé de retourner à Montréal, où les ressources sont plus accessibles pour les gens dans ma situation.

 

À Montréal, j’ai appris qu’il existait un programme pour les mères et leurs enfants. Je suis arrivée au centre Mère-enfant de Portage le 27 juillet 2022, avec mon adorable petite fille de six mois dans un bras, et mes quelques effets personnels dans l’autre. J’étais poussée par la crainte de perdre ma fille et le désespoir de me sentir si misérable et si seule devant la vie. Je n’en étais pas à ma première tentative d’obtenir de l’aide. J’avais déjà suivi quelques cures de désintoxication et un bref programme interne de deux semaines, sans que cela suffise à vraiment changer ma vie. J’avais tout essayé pour cesser de consommer pendant et après ma grossesse, mais lorsque j’y parvenais, ce n’était jamais pour longtemps. Je suis arrivée chez Portage réservée et antisociale, ne faisant confiance à personne et indépendante à l’extrême. J’éloignais de moi toute personne positive. Je me sentais si seule dans mon combat, essayant constamment de cacher mes problèmes par peur d’être jugée en tant que femme et mère atteinte d’une dépendance. Je m’efforçais de donner une impression de compétence, voire de perfection. Le séjour chez Portage n’a pas été facile, que ce soit du point de vue physique ou émotif. Mais rien ne pouvait être aussi difficile que la triste existence que je menais avant d’entrer chez Portage.

 

Quand je repense au programme que j’ai suivi chez Portage, j’éprouve toujours un sentiment de reconnaissance. Je suis reconnaissante d’avoir eu accès à un programme qui me permettait de rester avec ma fille tout en recevant l’aide et l’appui qu’il me fallait. J’avais un endroit sûr et stable où rester pendant que je travaillais sur moi-même. Nous avons tous besoin d’un environnement sécuritaire, qui puisse répondre à l’ensemble de nos besoins fondamentaux, avant même de pouvoir amorcer le travail qu’exige le rétablissement. Cet environnement sécuritaire est justement l’une des choses que l’on trouve chez Portage. J’ai pu ainsi renforcer ma confiance en moi et en autrui, et j’ai désormais l’appui et les outils qu’il me faut pour surmonter toutes les difficultés inhérentes à la vie et à l’être humain. J’ai découvert qui j’étais réellement et j’ai renoué avec mes valeurs. J’ai enfin trouvé, là où je m’y attendais le moins, ce dont j’avais toujours rêvé : le sentiment de faire partie d’une famille.

Ma vie est bien différente aujourd’hui. Je travaille chez Portage, au bureau d’admission des adultes. Je suis encore de tempérament indépendant, mais je sais quand et comment demander de l’aide. Avec ma fille à mes côtés, il n’y a rien que je ne puisse faire. Elle est mon rayon de soleil, ma force. La vie m’a éprouvée depuis mon départ de Portage, mais grâce au programme postcure et aux gens qui m’entourent, je reste fermement engagée sur la voie du rétablissement, et j’en suis incroyablement reconnaissante. Le 20 juin 2023, j’ai fêté un an de sobriété. En octobre, je serai reconnue par Portage à titre de diplômée du programme Mère-enfant et pour avoir adhéré à un mode de vie positif. Si tu es aux prises avec une dépendance, n’oublie pas ceci : pour toi aussi, il y a de l’espoir.

 

May, Programme Mère-enfant, 2022

 

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