Il était temps pour moi de changer

Mon histoire commence en France, pays où je suis né et où j’ai passé mon enfance, ainsi que le début de mon adolescence. Suite au divorce de mes parents, ma mère a eu ma garde. J’ai donc grandi avec elle, mes frères et sœurs et mon beau-père. J’allais visiter mon papa seulement pour les vacances. À l’âge de 13 ans, j’ai décidé d’aller habiter chez mon père pour fuir le contexte de violence physique et psychologique subit par mon beau-père. L’année après m’être installé chez mon père, une idée d’aller tenter une expérience ailleurs a alors germé dans nos esprits. De mon côté, étant déjà en échec scolaire et commençant par la même occasion la consommation, je pensais que l’idée de tout reconstruire ailleurs allait être pour moi la meilleure alternative.

Mon père et moi sommes arrivés au Québec le 24 juin 2017 et rapidement après mon arrivée je me suis orienté dans les mêmes décisions, car le stress, le sentiment d’abandon de ma famille et les exigences de la vie quotidienne m'ont submergé. C'est là que ma consommation de drogue a augmenté significativement. La consommation me semblait être la solution idéale à mes problèmes. Sans prévenir, elle a commencé à s'infiltrer dans ma vie quotidienne.

La ligne floue entre l'usage récréatif et la dépendance a commencé à disparaître. Je ressentais l'envie irrésistible de consommer chaque jour. Ma tolérance a augmenté : je consommais des opioïdes, de la cocaïne, des médicaments et plusieurs autres substances. Les conséquences n'ont pas tardé à se faire sentir. Ma relation avec mon père s’est détériorée au point que les disputes incessantes m’ont poussées à fuguer plusieurs fois de la maison.

Ma santé mentale s’est détériorée ce qui m’a coûté plusieurs passages à l’hôpital. Je n’allais presque plus à l’école et je coulais mes examens. La honte et la culpabilité m'ont envahi et je me suis isolé, préférant la compagnie des substances à celle de mes proches.  Je ne pouvais plus m'arrêter. Je n’avais que 15 ans et j’avais le goût de mourir.

C'est là où j'ai enfin réalisé que ma vie était devenue incontrôlable et qu'il était temps de changer. J’ai donc commencé à chercher de l’aide et pris la décision d’entrer à Portage.

Mes premiers jours à Portage étaient difficiles, j'ai dû réapprendre à vivre sans les substances qui avaient été un lieu de réconfort pour moi pendant longtemps. Parler de mes sentiments, être vulnérable et suivre mes valeurs ont probablement été les choses les plus compliquées que j’ai dû réaliser au début de mon programme. Portage m’a aussi appris à entretenir des relations saines.

Les amis qui m'avaient conduit dans la toxicomanie étaient maintenant remplacés par des personnes qui me soutenaient dans mon rétablissement. Mon programme m’a aussi aidé à me découvrir. J’ai réussi à reprendre confiance en moi à l’école. Grâce au programme de musique de Portage, j’ai découvert ce moyen parfait pour moi de canaliser et partager mes émotions j’ai même acheté une guitare. Les livres de Harry Potter de la bibliothèque de Portage étaient pour moi une parfaite manière de pouvoir m’échapper avant d’aller dormir.

Durant ma démarche, j’ai travaillé ma relation avec mon père. Nous avons participé au groupe parent-ado, mon père a participé aux groupes d’entourage et nous avons eu plusieurs conférences de cas ensemble. À force de persévérance et détermination, j’ai terminé mon programme résidentiel.

Durant ma démarche de réinsertion sociale, j’ai traversé des hauts et des bas, mais malgré tout, j’ai continué d’aller à l’école. Mon objectif de poursuivre mes études à ce moment était de pouvoir être intervenant à Portage pour pouvoir aider d’autres personnes traversant les mêmes difficultés que moi. La fondation Desjardins m’a aussi gracieusement offert une bourse d’études afin que je puisse continuer à persévérer vers mes objectifs scolaires.

Je suis maintenant sobre depuis 2 ans et 10 mois, une étape que je n'aurais jamais cru possible lorsque j'étais au creux de ma dépendance. La sobriété n'a pas seulement signifié l'arrêt de la consommation de drogues, mais aussi une transformation profonde de ma vie. J'ai reconstruit les relations avec ma famille et mes amis ce qui a été un processus lent, mais gratifiant. Ma santé s'est améliorée, mes objectifs se sont clarifiés. La sobriété m'a donné la clarté mentale pour poursuivre mes rêves et objectifs. J'ai trouvé une nouvelle passion dans la relation d’aide, j’étudie aussi au cégep de Saint-Jérôme en éducation spécialisée, et je peux désormais vous affirmer avec fierté que je suis devenu intervenant à Portage au programme adolescent et je suis dans une relation amoureuse qui me remplit de bonheur avec ma copine depuis bientôt deux ans.

Mon parcours de la toxicomanie à la sobriété n'a pas été facile, mais il m'a appris la force, la résilience, la détermination et la valeur de l’effort. Si vous connaissez quelqu'un qui lutte contre la toxicomanie, n'oubliez pas qu'il y a de l'aide disponible et qu’il est toujours possible de s’en sortir.

Remerciements à mon père.

Merci Portage.

Hugo, centre pour adolescents francophones, Lac Écho, 2019