Alors que plusieurs états ont déjà sauté le pas comme le Colorado, la Californie et l’Oregon aux États-Unis, le projet de loi sur la légalisation du cannabis au Canada prévoit la mise en place de la vente pour le début du mois d’octobre 2018.
C’est le sujet brûlant de l’actualité, la légalisation du cannabis soulève d’ores et déjà plusieurs questions de santé publique et d’enjeux liés à la toxicomanie. Les problèmes de santé mentale et physique, comme l’altération des fonctions cognitives (mémoire, attention, vitesse psychomotrice), le développement des enfants nés de mères consommatrices ou encore la capacité à conduire un véhicule motorisé de manière sécuritaire, sont autant de points de questionnement sur cette substance aux effets méconnus (lire Effets et méfaits du cannabis : méconnaissance chez les jeunes).
Quelques chiffres
La volonté du gouvernement canadien de légaliser la vente, la consommation et la possession du cannabis ne doit pas banaliser son usage auprès des jeunes. L’enquête canadienne sur le tabac, l’alcool et les drogues (ECTAD), commandée en 2015 par le gouvernement, révèle plusieurs chiffres alarmants. Le Canada est, parmi les états développés, le pays qui compte le plus haut pourcentage d’adolescents de 11 à 15 ans ayant déclaré avoir déjà consommé du cannabis avec plus de 28% des sondés. De plus, en 2012, 27% des jeunes canadiens de plus de 15 ans déclaraient consommer au moins une fois par semaine du cannabis. Au regard de ce constat, il convient de mettre en relation la consommation élevée chez les jeunes canadiens avec les effets néfastes à court et long termes sur leur corps[1].
Le cannabis est très souvent associé à une drogue dite « douce » ou « récréative » par les personnes consommatrices. Pourtant, plusieurs études démontrent les effets et les méfaits à court et à long termes de sa consommation.
Effets à court terme
Les effets produits par le cannabis sur le cerveau sont multiples, même à court terme. On note des modifications significatives autant sur le plan physique qu’émotionnel.
Au niveau physique, lors de la prise de cette substance, des signes de modification sensorielle font leur apparition : soulagement des douleurs, sensation de calme, sentiment d'euphorie. Cette modification induit une perte de repères et le consommateur se sent endormi ou déprimé et n'a plus aucune notion temporelle. Le THC (Tetrahydrocannabinol), substance active du cannabis, influence directement le fonctionnement du cerveau en brouillant les connecteurs entre les neurones. Le temps de réaction du consommateur est donc plus long. Même le fait d'inhaler la fumée d'un joint provoque une augmentation des pulsations cardiaques et de la pression artérielle.
La consommation de cannabis peut également influer sur l’humeur et l’état émotionnel du consommateur. Il se trouve alors dans un état d’anxiété, dépressif ou de stress et peut souffrir de crises d'angoisse, de vertiges, de migraines et de vomissements. La prise de cannabis modifie l'humeur, la façon de réfléchir, l’inhibition et l’impulsivité. Ainsi, le consommateur sera plus enclin à prendre des décisions hâtives ou à repousser les échéances.
Effets à long terme
La consommation de cannabis répétée sur une longue période peut avoir de graves effets sur la santé physique et mentale. Le THC provoque des dommages parfois irréversibles en modifiant le cerveau et son fonctionnement. Des chercheurs ont démontré que certaines zones du cerveau étaient, chez les consommateurs chroniques, beaucoup moins actives lors de stimuli[2].
Il est prouvé que le cannabis influence durablement les récepteurs dans les régions du cerveau essentielles aux actions cognitives : baisse considérable de l'attention, hausse significative du temps de réaction par rapport à un individu qui n’a jamais consommé et perte de la mémoire. Les consommateurs mettent également plus de temps à reconnaître des émotions (joie, colère, tristesse) car le THC diminue l'activité de la zone du cerveau nécessaire à les identifier. Enfin, le cannabis entraîne une diminution progressive de l'activité du système immunitaire. Les personnes qui consomment seront plus enclines à contracter des maladies dites communes (grippes, infections, rhumes).
Le cannabis provoque une forme d'apathie chez le consommateur qui n'éprouve plus aucune envie. Chez des personnes déprimées, anxieuses ou psychologiquement instables, la consommation de cannabis peut entraîner des problèmes de santé mentale. De plus, les déficits les plus durables et les plus notoires se font sentir dans la prise de décision, la capacité à créer des concepts et à les planifier (lire De fumeur de pot à allumeur de réverbères).
LA LÉGALISATION N’ARRÊTE PAS LA DÉPENDANCE – Soyons vigilants
[1] https://encadrementcannabis.gouv.qc.ca/le-cannabis/donnees-statistiques/
[2] http://www.ccdus.ca/Resource%20Library/CCSA-Chronic-Cannabis-Use-Effects-Report-2016-fr.pdf
Laurence Bolduc
Bonjour,
Sur votre affiche «effets à court terme», nous devrions lire «temps de réaction diminué» il me semble plutôt que «temps de réaction augmenté», selon le texte un peu plus haut.
Au plaisir,
Laurence Bolduc
Maelyss
Bonjour,
non, le temps de réaction est bien augmenté avec la prise de cannabis.
Cordialement
Maelyss