04-16-2021

De récents questionnements sur la prise en charge des jeunes adultes qui souffrent de problèmes de dépendance aux drogues et à l’alcool font bouger les mentalités quant à la place de ces jeunes dans les services sociaux et de santé. Portage s’est penché sur le sujet et étend désormais aux 18-21 ans son programme pour adolescents de l’Est du Québec au mois de mars 2021.

Le nouveau visage de l’adolescence

L’adolescence est définie comme une période allant de 10 à 19 ans par l’Organisation Mondiale de la Santé : « l’adolescence est la période de croissance et de développement humain qui se situe entre l’enfance et l’âge adulte, entre les âges de 10 et 19 ans ». Néanmoins, selon une étude[1] menée par des scientifiques australiens et parue en janvier 2018, l’adolescence se prolongerait aujourd’hui jusqu’à 24 ans. D’après les chercheurs, de nombreux facteurs environnementaux retardent l’entrée dans l’âge adulte : « Bien que de nombreux privilèges juridiques commencent à 18 ans, les responsabilités de l’âge adulte arrivent généralement plus tard ». Ce sont les changements sociaux qui seraient responsables de cette entrée tardive dans la vie adulte. L’achèvement de l’éducation, le mariage ou la parentalité, qui marquent la fin de l’adolescence, arrivent souvent beaucoup plus tard qu’avant. Les jeunes adultes seraient donc moins autonomes que leurs parents au même âge et ainsi bénéficieraient d’un plus grand accompagnement dans la transition vers la vie adulte.


[1] https://www.thelancet.com/journals/lanchi/article/PIIS2352-4642(18)30022-1/fulltext

La protection de la jeunesse étendue jusqu’à 21 ans au Québec ?

La Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) a pour fonction de protéger les mineurs qui vivent des situations délicates pouvant compromettre leur sécurité et leur développement. À ce titre, elle traite plus de 100 000 signalements par année dans la province francophone. Au Québec, les adolescents placés sous la loi de la protection de la jeunesse ne peuvent plus bénéficier de ces services passé leurs 18eme anniversaire. Une large étude de plus de deux ans, menée sur près de 1000 jeunes issus des services sociaux québécois a permis de mettre en lumière les terribles méfaits que provoquent l’arrêt de ces services lors de la majorité. En effet, près de 20% des répondants, sortis du placement en centre jeunesse depuis au moins un an, annonçaient avoir connu des épisodes d’itinérance de plusieurs jours. Kevin, âgé de 20 ans répondait aux questions du journal La Presse : « à 18 ans, ça a été : on te donne un dernier repas, et salut, mon homme. Les liens se sont coupés avec mes intervenants. Je n’avais plus personne pour m’aider. À 18 ans, tu n’es pas un adulte. Il me semble que les intervenants devraient pouvoir nous suivre plus longtemps. Peut-être jusqu’à 20, 21 ans ? ».

l’Étude sur le devenir des jeunes placés (EDJeP)[1] s’appuie sur l’expérience de l’état de la Californie et de la France qui permet déjà aux jeunes adultes de bénéficier de cette prise en charge sur la base du volontariat jusqu’à 21 ans. Elle démontre que, non seulement, ces jeunes à risque se retrouvent bien souvent dans la rue, mais aussi que les économies pour l’état sont très importantes. En effet, selon l’étude, une telle mesure ferait économiser près de 100 millions de dollars par an à la province.


[1] http://edjep.ca/wp-content/uploads/EDJeP_Rapport_couts_benefices.pdf

Et la dépendance dans tout ça ?

La consommation de drogues et d’alcool chez les jeunes québécois est extrêmement bien documentée par un grand nombre d’études statistiques. D’ailleurs, fait intéressant, le terme « jeune » désigne dans la majorité des études, les 15-24 ans. Par exemple, selon lEnquête québécoise sur la santé de la population[1] de 2016, 16,7% de la population québécoise avait consommé des drogues sur l’année précédente et le groupe d’âge des 15-24 ans en représentait l’immense majorité avec prêt de 40%. Ces jeunes sont donc plus enclins à développer une consommation problématique de drogues et d’alcool ce qui amène un certain nombre de problèmes à cet âge-là, comme le décrochage scolaire, des comportements sociaux inadaptés ou encore l’itinérance. Un service adapté doit être proposé pour répondre aux problèmes de dépendances bien présent de cette population à risque.

Portage possède depuis plus de vingt ans une expertise dans la prise en charge adaptée des jeunes adultes puisque son centre de Cassidy Lake au Nouveau-Brunswick accueille déjà les 18-21 ans et obtient de très bons résultats. Récemment, n groupe de travail s’est penché sur la possibilité d’adapter aux jeunes adultes ses programmes pour adolescents au Québec. En se basant sur l’étude de ses propres données ainsi que sur l’expertise de nombreux partenaires en services de réadaptation, l’organisation a remarqué que les jeunes adultes (18-21 ans) étaient quasi-absents de ses programmes de réadaptation pour adultes (13,5% pour le programme adultes du Lac Écho à Prévost). La décision a donc été prise d’ouvrir le programme pour adolescents de l’Est du Québec (situé à Saint-Malachie) pour ces personnes majeures. Plusieurs adaptations ont été apportées au programme pour mieux accompagner ces derniers dans la transition vers la vie adulte. Ainsi, depuis mars 2021, les jeunes bénéficient de rencontres de groupes de soutiens adaptés ainsi que d’aide dans le développement de l’autonomie. Les cours sont proposés sur la base du volontariat, afin de planifier la transition post-traitement vers le marché du travail.

C’est donc une avancée importante qui s’opère au Québec en ce moment pour les services de réadaptation en toxicomanie avec l’extension de l’aide apportée aux jeunes adultes. Ces derniers, sous représentés dans les programmes pour les personnes majeures, nécessitent un soutien accru dans la transition qui chemine lentement de la vie d’adolescent à celle d’adulte responsable.


[1] https://statistique.quebec.ca/en/enquetes/realisees/quebec-population-health-survey-qphs

Cliquez sur les liens pour en apprendre davantage sur les programmes pour adolescents de Portage en Ontario, au Québec et au Nouveau-Brunswick. La toxicomanie ne prend pas de pauses, et nous non plus. Nos bureaux d’admission restent ouverts. Appelez-nous dès aujourd’hui.

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