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08-16-2018

La crise des opioïdes qui sévit en Amérique du Nord depuis plusieurs années est exacerbée par l’arrivée d’une nouvelle drogue sur le marché noir : le Fentanyl. Cet analgésique opioïde extrêmement puissant, se retrouve dans plusieurs types de drogues (héroïne, cocaïne, crack, amphétamines, crystal-meth) et provoque un nombre croissant de surdoses chez les consommateurs.

 

De la souffrance à la dépendance

La crise des opioïdes est une réalité qui s’impose au nord du continent américain (lire: Crise de surdoses au Canada). Les cas de surdoses dues aux opioïdes ont augmenté de façon alarmante et les autorités sanitaires s’inquiètent. La crise, qui a débuté aux États-Unis au début des années 2010, s’est étendue jusqu’au Canada. Alors que les antidouleurs (Vicodin, Oxycodone) ont été de plus en plus nombreux sur le marché pharmaceutique, les prescriptions étaient données pour soulager les souffrances chroniques comme celles dues aux cancers par exemple mais également à un panel plus large de douleurs. Bientôt, c’était l’escalade et le marché des antidouleurs a explosé. Selon un rapport du CDC (Centre de contrôle et de prévention des maladies) on dénombrait aux États-Unis, près de 11 millions de personnes souffrant d’accoutumance aux opiacés obtenus sur prescription en 2016.

L’implacable loi du marché

La surprescritption d’antidouleurs a mené énormément de personnes sur la route de la dépendance. Les ordonnances de médicaments ne pouvaient pas être prescrites pour une durée indéterminée car les consommateurs développaient une résistance accrue à la substance. C’est alors que les gens se sont tournés vers des drogues dites illicites vendues dans la rue. Le plus souvent, la dépendance aux antidouleurs était remplacée par l’usage d’héroïne ou de crack, car ce sont des substances moins chères et abondantes auprès des revendeurs en Amérique du Nord. La demande étant très forte, l’offre a augmenté fortement en tentant de toujours être concurrentielle par rapport au marché pharmaceutique.

Depuis 2010, les policiers ont remarqué aux États-Unis et au Canada que les drogues retrouvées étaient coupées avec un produit de synthèse nommé Fentanyl. Cet analgésique est connu depuis la fin des années 1950 mais, il n’était que très peu répandu auprès des toxicomanes. En plus d’être peu couteux, le Fentanyl est une substance extrêmement puissante (100 fois plus forte que la morphine et 40 fois plus que l’héroïne). Une dose de 2 milligrammes, l’équivalent de 4 grains de sel, suffit pour faire une surdose et mourir selon la Gendarmerie royale du Canada (lire: Reconnaître une surdose et comment réagir).

La dépendance qui touche la société

Dans les centres médicaux au Canada, on retrouve de plus en plus de personnes qui, à l’origine, se sont fait prescrire des antidouleurs par leur médecin. Ce ne sont plus nécessairement des toxicomanes endurcis ou des jeunes de la rue mais plutôt monsieur et madame tout le monde. Ces personnes ont pu avoir un accident de la route par exemple. Ils se sont fait prescrire des médicaments opioïdes et par la suite ont totalement perdu le contrôle de leur utilisation. Le Canada est le pays qui prescrit le plus de médicament opioïde derrière les États-Unis. Certains spécialistes estiment que la surprescritption est à l’origine de la crise des opioïdes en Amérique du Nord. Le problème est que si le gouvernement intervient pour diminuer le nombre de prescriptions, il pousse involontairement les personnes dépendantes sur le marché noir. Tout l’enjeu réside dans le contrôle : d’un côté limiter les prescriptions et de l’autre permettre aux personnes dépendantes de trouver des traitements et prises en charge pour vaincre leur toxicomanie.

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