05-24-2019

Mercredi 3 avril 2019, la jeune Elizabeth, 14 ans, explique
au micro de TVA Nouvelles comment sa consommation de la vapoteuse l’a rendue
dépendante à la nicotine au point de consommer l’équivalent de 100 cigarettes
par jours. La cigarette électronique ou vapoteuse est de plus en plus populaire,
surtout chez les adolescents. La faute à un marketing extrêmement bien pensé.

Une alternative au tabagisme?

Au départ, la cigarette électronique était destinée à
simuler l’utilisation d’une véritable cigarette afin d’aider les fumeurs qui
veulent arrêter. La vapoteuse est composée d’une résistance chauffant un
liquide qui se transforme en aérosol pouvant être inhalé. Le liquide est une
combinaison de glycol (souvent utilisé dans l’industrie alimentaire), d’arômes artificiels
et de nicotine à plus ou moins forte dose. Néanmoins, si les professionnels de
la santé s’accordent sur le fait que la vapeur produite par la cigarette
électronique est moins nocive qu’une cigarette classique, ils émettent de
sérieux doutes quant aux effets de son usage prolongé. En effet, la vapoteuse
est un produit très jeune et il est impossible de savoir à l’heure actuelle quelles
seront les répercussions sur l’organisme.

Le tabagisme tue, chaque jour, 100 Canadiens[1]
mais depuis une dizaine d’année, on observe une baisse substantielle de la
consommation de tabac. L’interdiction de faire la promotion de ces produits,
l’apparition d’images choquantes sur les emballages, la restriction des lieux
autorisés pour fumer et l’augmentation du prix des paquets de cigarettes ont
sans aucun doute permis une réduction de sa consommation. Une question se pose
alors, ces observations cachent-elles une nouvelle forme de dépendance?

JUUL Labs

En 2017, deux américains, diplômés en design de l’université
de Stanford en Californie, fondent une compagnie de cigarette électronique
appelée JUUL Labs. Ils créent une vapoteuse pas plus grosse qu’une clé USB, ne rejetant
quasiment aucune fumée et qui se recharge sur un ordinateur. Sur ce design
novateur, les dirigeants de JUUL vont y associer des parfums sucrés comme
« mangue » ou encore « crème brûlée » qui vont s’avérer
faire un carton chez les jeunes. La cible principale est claire mais pas
assumée : les jeunes de 14 à 18 ans. Lorsque le produit est commercialisé,
l’implacable machine marketing se met en place sur les réseaux sociaux,
notamment sur Instagram, très utilisé par cette tranche d’âge. La distribution
des vapoteuses de marque JUUL prend des proportions astronomiques jusqu’à
représenter près de 70% du marché aux États-Unis en moins de deux ans. Sur la
seule année 2018, les ventes de la société grimpent de 783% et l’on retrouve la
vapoteuse partout aux États-Unis. La compagnie intéresse alors le géant du
tabac américain Altria (anciennement Philip Morris Companies Inc.). Après avoir
fait l’acquisition, en décembre 2018, du principal producteur de cannabis
canadien Cronos pour près de 2 milliards de dollars, Altria investit 12.5
milliards dans la très jeune compagnie JUUL Labs.

Les adolescents, premiers touchés

Le design, l’utilisation simplifiée, les goûts attractifs et
la forte dépendance créée sont autant de facteurs qui expliquent le succès
commercial retentissant des cigarettes électroniques de marque JUUL chez les
jeunes. En 2018, 1 élève sur 5 aux États-Unis[2]
est adepte de la vapoteuse. Les campagnes marketing de la marque ne sont pas
étrangères à ce succès. L’utilisation d’influenceurs sur Instagram a poussé les
jeunes à essayer ce nouveau produit. Or, si les effets sur l’organisme sont
moins nocifs qu’une cigarette normale, l’addiction à la nicotine est bien
réelle, voire plus importante avec une vapoteuse. Une capsule de liquide
contient de 50 à 100 mg de nicotine ce qui correspond à 4 paquets de
cigarettes.

Les jeunes doivent être sensibilisés sur le sujet et
comprendre les risques qu’ils encourent en consommant ces substances. Le Dr
Poirier, cardiologue à l’Institut universitaire de cardiologie et de
pneumologie de Québec, soulignait dans une entrevue avec TVA Nouvelle la
nocivité de tels produits : « La nicotine consommée en grande
quantité comme ça cause des problèmes cardiovasculaires, surtout sous forme de
palpitations, mais ça peut amener à un arrêt cardiaque. Ce n’est pas banal!».

La cigarette électronique est devenue en très peu de temps
un effet de mode qui ne semble pas s’essouffler. Bien aidées par un marketing
ciblé, les vapoteuses sont-elles en train de créer une nouvelle épidémie
d’addiction à la nicotine?


[1] 3.
REHM, J., D. BALIUNAS, S. BROCHU, B. FISCHER, W. GNAM, J. PATRA et autres. Les
coûts de l’abus de substances au Canada 2002, Centre canadien de lutte contre
l’alcoolisme et les toxicomanies, Ottawa, 2006.

[2]
Source AFP

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