09-11-2019

J’avais auparavant l’impression d’être née pour devenir toxicomane. Ma mère biologique consommait de l’alcool et de l’héroïne alors qu’elle était enceinte de mon frère jumeau et moi. La dépendance a des racines profondes dans ma famille. Mes parents, qui m’ont adoptée à la naissance, m’avaient expliqué que je serais plus susceptible d’avoir des problèmes de dépendance en raison de ces antécédents et m’avaient prévenue que je devais être particulièrement vigilante.    

Cela ne m’a pas empêchée de prendre mon premier verre d’alcool alors que j’étais en septième année. Au moment de commencer l’école secondaire, je buvais déjà toute la journée, tous les jours. J’aimais la sensation que cela me donnait, d’échapper à mes problèmes de solitude et d’anxiété. Avec le temps, je me suis tournée vers la drogue, et à mesure que s’intensifiait ma dépendance, je choisissais des drogues de plus en plus dures, jusqu’à ne plus reconnaître la personne que j’étais devenue. C’était si facile d’invoquer l’historique de ma famille biologique comme excuse pour ma toxicomanie.   

Ma plus grande crainte avait toujours été de devenir comme ma mère biologique, et j’étais déjà bien engagée sur cette voie.

J’ai su que j’avais touché le fond lorsque j’ai commencé à fumer du crack. C’était la drogue de choix de ma mère biologique. Après avoir passé une nuit en prison, j’ai compris qu’il me fallait changer quelque chose. C’est alors que je suis entrée chez Portage.  

J’avais peur à mon arrivée chez Portage. Puis, j’ai commencé à m’y plaire. Pour la première fois depuis bien longtemps, je ne me sentais pas seule. J’aimais parler aux autres filles – elles avaient mon âge et elles comprenaient ce que je vivais. Je n’étais pas jugée en fonction de mon passé, j’étais acceptée. Et j’aimais beaucoup le fait de retrouver une routine.  

Après un séjour de cinq mois chez Portage, j’ai été en mesure de retourner à la maison. Le chemin vers la sobriété n’a pas toujours été facile à suivre, mais Portage m’a transmis les outils dont j’ai besoin pour rester sur la bonne voie. Et j’assiste diligemment aux réunions des AA, qui sont importantes pour le maintien de ma sobriété.  

Il y a maintenant trois ans que j’ai quitté Portage. J’ai une petite fille de 18 mois et elle est tout pour moi. J’ai été accepté dans un programme d’études en services sociaux – je veux aider et protéger les jeunes comme moi.     

Je suis fière d’être sobre. Cela me permet d’être une bonne mère. Maintenant, au lieu du ressentiment que m’inspirait l’historique de ma famille biologique, j’éprouve de la reconnaissance, car cet historique m’a menée là où je suis aujourd’hui. J’ai des parents qui m’aiment et qui me soutiennent de façon inconditionnelle. Je suis fière d’avoir contrecarré la tendance vers la toxicomanie dans ma famille biologique.   

Je sais maintenant que je ne suis pas née pour devenir toxicomane. Je suis née pour être une survivante, et pour vivre pleinement ma vie.

Miranda

One Response to “« Avant de découvrir Portage, je me sentais seule. »”

  1. Katia Chittaro

    Bonjour Miranda,

    Continue de croire en toi et de poursuivre sur le droit chemin. Ton témoignage m’a touché car nous songeons adopter un enfant de la DPJ. Ceci dit, on ne peut rien changer à la génétique dont on hérite mais on peut certainement avoir le contrôle sur nos décisions, nos actions et nos habitudes. Sois toujours reconnaissante envers tes parents adoptifs de t’avoir donné un milieu de vie sain afin de pouvoir t’épanouir et avoir une belle vie. Continue de travailler fort et donne toi la chance de faire des erreurs dans la vie car nous sommes tous humain. Ta force est de trouver le courage de les corriger au fur et à mesure et de te pardonner pour te permettre de poursuivre ton chemin.

    Bonne continuité,

    Katia

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