03-08-2019

Les femmes sont-elles
tombées dans le piège sournois de l’alcool et des drogues? De récentes études
sur les chiffres de la consommation d’alcool et de drogues par les femmes du
monde entier tendent à démontrer une augmentation de leur usage. Pression
sociale, stress post-traumatique, les raisons d’une telle augmentation semblent
se multiplier, entraînant les femmes dans la spirale infernale de la
dépendance.

Une différence de genre

Dans le rapport mondial sur les drogues de 2018[1]
publié par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, on constate
plusieurs événements au sujet de la consommation des femmes. Plusieurs faits
sont soulignés, comme la prévalence de l’usage non médical d’opioïdes et de
tranquillisants  par les femmes, plus
élevée que chez les hommes. D’autre part, il est expliqué que les femmes
commenceraient à consommer des substances plus tardivement que les hommes, mais
elles auraient tendance à augmenter plus rapidement leur consommation d’alcool,
de cannabis, de cocaïne et d’opioïdes. Cette augmentation amènerait les femmes
à développer plus rapidement des troubles liés à la consommation de drogues.

Le rapport mondial montre, grâce à la compilation d’un bon
nombre de recherches internationales, que les hommes et les femmes ne
développent pas les mêmes troubles liés à la consommation de drogues. En effet,
il a été observé que les troubles associés se traduisent chez les hommes par
des déficits de l’attention, de l’hyperactivité, des problèmes dans les
relations sociales et des troubles de la personnalité. Chez les femmes, en
revanche, les troubles causés par la consommation de drogues et d’alcool
causeraient plutôt des dépressions et de l’anxiété.

On remarque ici une différence flagrante entre hommes et
femmes. Le rapport amène un début d’explication en soulevant la différence sexo-spécifique
entre les deux dans la société.

Le facteur social

Pour bien saisir les différences de consommation de drogues
et d’alcool entre hommes et femmes, il faut prendre en compte plusieurs
facteurs. Le facteur social en est un des plus importants car il régit l’image
de la personne dans une société donnée. Le rôle de la femme dans la société diffère
selon les régions du monde et les cultures, mais on peut remarquer dans les
pays occidentaux que l’utilisation non médicale de tranquillisants est
supérieure chez les femmes.  Cela
pourrait s’expliquer par le fait qu’une plus grande proportion de femmes qui consomment
des drogues ressente du stress dans leur environnement social, au travail, dans
leur famille ou dans leur couple. Les troubles d’anxiété sont diagnostiqués
beaucoup plus souvent chez les femmes par rapport aux hommes. Dans une étude
menée aux États-Unis[2]
en 1997, il a été observé que parmi les femmes qui avaient un trouble de
consommation de drogues, entre 30 et 60 % d’entre elles souffraient d’un choc
post-traumatique.

Le lien entre travail et consommation

Un phénomène nouveau commence à voir le jour dans les
sociétés occidentales. Ce phénomène touche particulièrement des femmes
professionnellement actives qui doivent mener de front un travail prenant mais
aussi une vie personnelle et familiale. La pression sociale qui s’exerce sur
ces femmes actives les pousserait à recourir à l’alcool ou aux drogues pour
avoir l’impression de « décrocher ». De plus en plus de cadres
supérieurs en pleine ascension professionnelle en viennent à consommer des
substances licites ou non pour tenir face à la pression du travail.

Selon les médecins qui reçoivent ce nouveau type de
patientes en consultation, les drogues les plus souvent prises sont les benzodiazépines
(très addictif et avec des effets secondaires importants), les médicaments
codéinés (antidouleurs qui offrent une sensation d’apaisement) ainsi que des
relaxants musculaires. En plus de ces produits qui sont trouvés par ordonnance,
on constate la prise d’alcool de façon régulière mais aussi de cocaïne et de
cannabis.  Aux États-Unis, 650 000
ordonnances d’opioïdes ou dérivés sont délivrées chaque jour!

Ainsi, on observe une tendance de forte consommation
d’alcool chez les femmes instruites et faisant partie de la classe moyenne ou
supérieure. Selon un rapport de l’OCDE rendu en 2016, cette catégorie de femmes
aurait deux fois plus de chance de développer une consommation excessive
d’alcool et de drogues. Au Québec, les études statistiques[3]
ont démontré que 65 % des femmes déclaraient consommer de l’alcool de façon
régulière.

Au regard de ces observations, il est possible d’esquisser
les contours d’un phénomène qui semble prendre de plus en plus d’ampleur dans
la vie des femmes. L’alcool et les drogues sont entrés dans la vie de ces
femmes pour les soulager d’une pression bien existante. Reste à savoir comment
sortir du piège…


Lire : La drogue et l’alcool : des pièges sournois

[1]
https://www.unodc.org/wdr2018/prelaunch/WDR18_Booklet_5_WOMEN.pdf

[2] 8 Najavits, Weiss and Shaw, “The
link between substance abuse and posttraumatic stress disorder in women”.

[3]
http://www.msss.gouv.qc.ca/professionnels/statistiques-donnees-sante-bien-etre/statistiques-de-sante-et-de-bien-etre-selon-le-sexe-volet-national/categories-de-consommation-d-alcool/

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