About Portage

01-16-2013

En 2011, le bureau d’aide aux victimes d’actes criminels a accepté de subventionner un projet au centre de Portage, à Québec, spécifiquement adapté à la clientèle toxicomane victime de sévices et d’agressions sexuelles. Ce projet avait pour objectif de fournir un meilleur encadrement à ces personnes, mais aussi d’obtenir une meilleure compréhension de l’influence de ces agressions sur les difficultés d’insertion et de maintien en emploi. On cherchait également à approfondir notre connaissance du parcours de vie des toxicomanes victimes de sévices physiques, sexuels ou psychologiques, et de leurs besoins.

Ce projet, intitulé « Maître de sa vie », comprend un volet de recherche effectuée par Karine Cloutier, étudiante à la maîtrise de l’Université Laval, un volet clinique et un volet de formation. Cinquante personnes ont été rencontrées dans le cadre de la phase clinque dudit projet, 48 ont parlé pour la première fois des agressions subies, et ce, malgré plusieurs thérapies antérieures.

Quelques résultats du volet clinique :

Violence physique

  • Dans 92 % des cas, les femmes ont vécu des sévices qui provenaient majoritairement de la famille immédiate, soit le père ou la mère. Aussi, les femmes ont fréquemment subi de la violence de la part de leur conjoint.
  • Dans 77 % des cas, les hommes ont vécu des sévices qui provenaient majoritairement de la famille immédiate, soit le père ou la mère, de la famille élargie, de la famille d’accueil ou adoptive. Les hommes ont mentionné avoir souvent vécu de la violence physique des pairs. De plus, ils précisent avoir, dans certains cas, subi de la violence de la part de leur conjointe.


Sévices sexuels

  • 83 % des femmes précisent avoir vécu des agressions sexuelles. Celles-ci proviendraient majoritairement du père. La famille élargie et l’entourage seraient aussi impliqués dans ce type de sévices. Par ailleurs, 90 % d’entre elles se sont livrées à la prostitution pendant plusieurs années et vécu des niveaux préoccupants de violence physique et émotionnelle.
  • 35 % des hommes mentionnent avoir vécu des agressions sexuelles qui proviendraient majoritairement de la famille élargie, de la famille d’accueil ou adoptive et de l’entourage.


Violence psychologique

  • Pour les femmes, la famille immédiate est responsable, dans 83 % des cas, de la violence psychologique subie.
  • 72 % des femmes impliquées dans le projet présentaient un diagnostic de problèmes de santé psychologiques. Les plus fréquents sont la dépression et les problèmes de personnalité limite.
  • Pour les hommes, la famille immédiate et la famille d’accueil ou adoptive sont responsables, dans 70 % des cas, de la violence psychologique subie.
  • 43 % des hommes impliqués dans le projet présentaient un diagnostic de problèmes de santé psychologiques. Les plus fréquents sont la dépression et le trouble déficitaire de l’attention, avec ou sans hyperactivité.


Autres faits saillants

  • 40 % des femmes avaient fait des tentatives de suicide répétées et, pour 66 % d’entre elles, des idées suicidaires étaient toujours présentes au moment de l’admission.
  • 35 % des hommes avaient fait des tentatives de suicide répétées et pour 30 % d’entre eux, des idées suicidaires étaient toujours présentes.
  • Finalement, dans plusieurs cas, des problèmes alimentaires et d’automutilation étaient notés.

La recherche menée par Karine Cloutier, dans le cadre du projet « Maître de sa vie », confirme le fait que la majeure partie des gens consomment pour « s’automédicamenter » afin d’oublier les sentiments engendrés par les sévices perpétrés sur leur personne. Le mémoire de recherche de Karine Cloutier sera probablement disponible pour consultation avant l’été prochain.

Les traumatismes physiques et psychologiques ont laissé des traces importantes, comme il a été possible de le constater. Le programme de thérapie spécialisé offert chez Portage, qui englobe les deux dimensions (toxicomanie et sévices), a répondu à un besoin important puisque les participants hésitent souvent à parler des agressions subies. Ils ont précisé à de nombreuses reprises leur satisfaction de pouvoir enfin régler les deux problématiques à l’aide d’une seule ressource. Ils évitent ainsi d’avoir à raconter leur histoire, synonyme de douleur, détresse, colère, etc., à plus d’un intervenant.

Même s’il est impossible d’arriver à effacer l’empreinte laissée par de tels souvenirs, le programme de Portage permet aux participants d’accepter que les traumatismes subis ne soient plus un obstacle pour l’avenir.

Portage est parmi les précurseurs, notamment à Québec, à tenter cette approche.

Volet formation
Une partie importante du projet fut le développement des compétences du personnel de Portage sur la problématique des sévices psychologiques, physiques et sexuels vécus par les personnes toxicomanes. Isabelle Proulx, sexologue clinicienne, s’est vu confier le mandat. Elle a animé des séances de groupe hebdomadaires sur le sujet et a supervisé l’équipe de travail, afin que celle-ci soit en mesure d’intervenir efficacement sur les diverses formes de violence vécue par la clientèle. Ainsi, les intervenants étaient en mesure de faciliter le développement de compétences chez cette clientèle aux besoins précis.

« Je n’ai jamais autant appris sur moi, » a constaté une participante. « Les choix que je faisais m’appartenaient, c’était très important pour moi de faire mes propres choix. »

Comme prévu, ce projet s’est accompagné d’actions concrètes dont les retombées sont perceptibles pour notre société puisque plusieurs des participants sont devenus des citoyens plus productifs et mieux outillés pour affronter les défis du quotidien. Ils participent ainsi au bon développement de notre société.

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